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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Festival "De la terre au ciel : Bella madre dei fiori" Maria Cristina Kiehr Concerto Soave, dir. Jean-Marc Aymes
Maria-Cristina Kiehr © Privat “De la terre au ciel : Bella madre dei fiori”
Alessandro Scarlatti : cantate “Bella madre dei fiori” Georg-Frederic Haendel : Salve Regina
(6e
Concert pour les plus démunis)
Maria-Cristina Kiehr, soprano
Direction Jean-Marc Aymes La douce contenance et le divin ennui Le concert eu lieu dans la grande bâtisse rouge de l'église Sainte-Thérése de Nantes, de ces constructions que la foi renouvelée de l'ère contemporaine ont cru devoir se mesurer aux merveilles des anciennes cathédrales, et ce crépuscule aux arômes estivaux semblait prédisposé aux accords d'Alessandro Scarlatti et de Haendel. En entrant dans le sein néo-byzantin de l'église Sainte-Thérése à la fraîcheur réconfortante, l'assemblée qui semblait une redondance dans ce lieu de culte se plaisait dans des nouvelles et bavardages de société dans l'attente du miracle musical du baroque qui allait transporter nos oreilles vers le paradis des amants et puis en volutes sacrificielles élever vers les mosaïques dorées une prière à la mariale contenance. Dans une belle robe de moiré vert, parut Maria Cristina Kiehr, la voix mythique de la Maddalena ai piedi di Cristo d'Antonio Caldara (Harmonia Mundi), accompagnée de ses joyeux complices de l'ensemble Concerto Soave, à la tête duquel Jean-Marc Aymes s'assit au clavecin pour entamer le début du programme. La “Bella madre dei fiori” cantate de circonstance arcadienne du génial Alessandro Scarlatti racontant comme bien de pièces du XVIIIème siècle naissant, l'abandon cruel d'une nymphe par un amant trop peu sensible. Si le texte recèle bien un charme digne des soirées du Bosco Parrasio du Janicule, où la musique délicate et pathétique de cette cantate de sous-bois aurait tout son charme, elle se perdit dans la froideur de l'acoustique du ventre imposant de l'église Sainte-Thérèse. La voix de Maria Cristina Kiehr, ornementée pour ce répertoire, aux ciselures belles et bien formées, manque malgré tout de drame et ajoute au défaut du lieu un manque d'envol qui aurait pu faire contrepied à l'immensité de l'église et apporter la chaleur des nuits romaines aux froides briques de Nantes. Alessandro Scarlatti, l’un des compositeurs les plus prolifiques de son temps, au génie protéiforme et aux airs passionnés aurait pu être autrement présent dans un programme qui aurait fait contraster les formes de l'amour et non seulement une complainte qui le relègue au niveau d'un petit maître au style académique. Après un court intermède, ce fut le tour du Salve Regina de Händel, œuvre de jeunesse et brillante mise à l'épreuve face à la liturgie catholique du jeune Georg Friedrich luthérien convaincu. Au disque divinement servi par Madgalena Kozena avec Marc Minkowski (Archiv) et un peu plus poétique par Emma Kirkby et le London Baroque (Bis), ce petit opus de louange mariale promettait un envol mystique et dramatique. Cependant, malgré l'enthousiasme marqué de Concerto Soave, dont nous tenons à louer sans réserve les deux violons et la gambiste, Maria Cristina Kiehr est restée trop sagement en dehors du tourbillon de la partition haendélienne, au moment des riches ornements de la “Eja ergo advocata nostra”, la soprano argentine nous a restitué cette affirmation de la foi avec hiératisme et froideur. Malgré la déception de l'acoustique et de la prestation en demi-teinte de Maria Cristina Kiehr, cette belle soirée de mai fut marquée par une voute étoilée où scintillaient de mille feux les génies de Scarlatti et de Haendel, maîtres incontestés de la surprise et de l'évocation, même dans le silence épanoui du firmament.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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