Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

6 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

Chronique Concert

Lully-Molière, Le Mariage Forcé

Les Divertissements réunis, dir. Bérénice de Büyger

 

 

 

 

Jean-Baptiste Poquelin dit MOLIERE, Jean-Baptiste LULLY

 

Le Mariage Forcé

 

Comédie-ballet en 3 actes (1664)

 

Les Divertissements Réunis

Mise en scène :  Bérénice de Büyger

Chorégraphies : Vanessa Everley et Soraya Archimbaud

 

Scénographie : Candice Moise

 

Avec Alexandre Tobaty, Jérôme Godgrand, Lucien Pagnon, Charlotte Blanchard, Noëlie Amaury, Vanessa Everley, Soraya Archimbaud, Bérénice de Büyger

 

Lucien Pagnon, Charlotte Klingenberg-Rosas et Boris Winter (violons baroques), Jacques Frantz (traverso), Julie Dessaint (viole de gambe), Adèle Jacquet Lagrèze (violoncelle baroque), Pierre Chepelov (clavecin), Dominique Lacomblez (percussions baroques)

 

17 janvier 2009, Paris, Théâtre de Ménilmontant

 

horizontal rule

Une union divertissante

Habituée aux ors et à l’ambiance feutrée des vieux théâtres parisiens, Muse baroque a exceptionnellement franchi l’enceinte de Louis XIV pour s’arrêter dans l’ancien village de Ménilmontant. La cause en est noble, puisqu’il s’agissait d’assister à la représentation d’une comédie-ballet de Molière et Lully, interprétée par la jeune troupe des Divertissements Réunis. Il est en effet trop rare de nos jours de pouvoir assister à ce genre de représentations, qui marient la comédie aux "Airs et Symphonies de l’incomparable Monsieur Lully, mêlés à la beauté des Voix, et à l’adresse des Danseurs". Entre 1661 et 1671, Molière a pourtant créé rien de moins que 13 pièces de ce type, dont Le Mariage Forcé, première collaboration complète entre les deux amuseurs du Roi en 1664. C’est donc avec le projet fort louable de réunir sur scène les trois arts majeurs que sont la musique, le théâtre et la danse et de faire revivre l’alchimie bouillonnante et légère de cette époque des débuts galants du Roi-Soleil que le metteur en scène Bérénice de Büyger a réuni autour d’elle une quinzaine de passionnés polyvalents.

L’intrigue du Mariage Forcé repose sur un canevas brossé fort simplement : Sganarelle, bourgeois d’un âge certain, s’éprend de l’aimable, jeune et jolie Dorimène et émet le désir de l’épouser, en dépit des avertissements sensés de son ami Géronimo (sic). Suite à un entretien avec sa future femme, notre bourgeois, saisi de doute et d’effroi cède aux morbides inquiétudes sur les dangers du mariage - notamment au cours d’un affreux songe – aspire à prendre conseil auprès d’une galerie de personnages hauts en couleurs. Il souhaite alors se rétracter et se retrouve enfin provoqué en duel par le frère de sa promise.

© Les Divertissements réunis

Avant tout, il convient de rappeler que les Divertissements réunis représentent encore une phalange aussi verte qu’enthousiaste, qui ne peut être jugée à l’aune de leurs aînés aguerris qui peuplent habituellement nos chroniques. Face à l’implication de chacun des membres dans ce grand dessein, nous clignerons pudiquement les yeux sur l’amateurisme naïf des costumes, les reflets électriques des étoffes, les coupes simplifiées, les objets non identifiés et grisâtres encombrant la tête des acteurs qui provoqueraient la crise d’apoplexie de n'importe quel membre du corps des barbiers-perruquiers justement créé par Louis XIV.

On louera l’alternance des modes d’expression, la variété bigarrée du discours et la fraîcheur des chorégraphies troussées avec vivacité et entrain.  De même, l’énergie de certains comédiens s’avère communicative. L’incarnation du philosophe Pancrace, véritable performance physique, est tout à fait convaincante dans sa truculente verve. On regrettera cependant une Dorimène trop “dombaslienne” à notre goût et dont les afféteries paraissent quelque peu déplacées au Grand Siècle.

© Les Divertissements réunis

Et la musique de Lully dans tout cela ? Sur le plan vocal, celle-ci repose entre les fragiles mains d’une unique chanteuse. Mise en valeur par un éclairage dépouillé qui accentue sa visibilité, la damoiselle fit parmi les comédiens une apparition aussi féerique qu’éphémère, et son interprétation dans son rôle de magicienne demeure hésitante. L’orchestre est quant à lui porté par un premier violon qui manie aussi bien l’archet que la langue de Molière - puisqu’il interprète également le rôle de Géronimo – et l’on admire des articulations intelligentes et des attaques assurées. Les autres musiciens des Divertissements réunis qui jouent, rappelons-le, sur instruments d’époque semblait discret, en retrait, affichant parfois une justesse relativement… personnelle. Il est dommage que la délicate viole de gambe se soit montrée si timide et la flûte n’ait pas eu l’occasion de s’affirmer plus au sein du noyau de cordes.

Enfin, sans entrer de nouveau dans les polémiques récurrentes autour de l’utilisation du français restitué, on aurait apprécié entendre les mots de Molière prononcés avec les sonorités chantantes de jadis, ce qui aurait renforcer l’aspect pittoresque et comique de la pièce. Alors que le souhait du metteur en scène était de “se rapprocher le plus possible de la structure originale” de la comédie, on aurait pu imaginer qu’elle aurait voulu aller jusqu’aux confins de la recréation.

L’objectif du tandem Molière-Lully, comme celui des Divertissements Réunis est atteint : nous fûmes diverties par un spectacle frais et sans prétention, d’une souplesse printanière. Mais si l’implication des protagonistes était bien visible, les noces des arts baroques, comme celles de Sganarelle et Dorimène, ont conservé ce soir-là un arrière-goût d’inachevé.

Marion Doublet & Anne-Lise Delaporte

Représentations du 14 au 23 janvier 2009, à 20h30 au Théâtre de Ménilmontant. www.lesdivertissementsreunis.fr

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014