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6 janvier 2014

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Chronique Festival

"L'alliance sacrée: les grands motets"
Ensemble La Fenice & les favoriti de la Fenice,
dir. Jean Tubéry

 

27e édition du Festival de Lanvellec et du Trégor

Dagmar Saskova © Atelier Fotoskoda

Giovanni Gabrieli (ca.1555–1612)

Canzon primi toni in due cori

Canzon seconda a 6

Jubilate Deo omnis terra, a 8 voci

Beata es Virgo Maria

 

Heinrich Schütz (1585–1672)

Jauczet dem Herren alle Welt, a 8 voci in echo

Magnificat anima mea

Freue Dich des Weibes deiner Jugend

Es steht Gott auf

Wohl dem, der ein tugendsam Weib hat

 

Claudio Monteverdi (1567–1643)

Armato il cor

 

Johann Vierdanck (1605–1646)

Sonata auf dem Lied »Als ich einmal Lust bekam, anzusprechen eine Dam’«

 

Tarquino Merula (1595–1665)

Ciaccona a tre

 

Dagmar Saskova, soprano

Renaud Tripathi, haute-contre

Philippe Froeliger, ténor

Nicolas Achten, baryton

Hubert Deny, basse

 

Ensemble La Fenice :

Jean Tubéry, cornets et direction

Stéphanie Pfister, violon

Claire McIntyre, trombones alto et ténor

Franck Poitrineau, trombones ténor et basse

Krzysztof Lewandowski, basson et cornet

Nicolas Achten, théorbe

Philippe Grisvard, orgue et clavecin

 

Dimanche 27 octobre, 15h, Église Saint-Jean-du-Baly, Lannion

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L’alliance sacrée

Belle histoire d’amitié mêlée de transmission et d’estime que celle qui lia Giovanni Gabrieli et Heinrich Schütz. Grand pédagogue, organiste de Saint-Marc, le Vénitien accueillit Schütz comme élève ; Enrico il Sagittario fut sans doute l’un de ses élèves les plus talentueux, et il tira grand profit de ce voyage en Italie : non seulement il réutilisa dans ses Psalmen Davids la technique de composition en doubles chœurs, mais de plus il n’hésitera pas à paraphraser certaines œuvres italiennes qu’il avait pu découvrir, comme le madrigal Armato il cor de Monteverdi, devenu une Sinfonia sacra sopra Armato il cor sur les paroles Es steht Gott auf ; l’œuvre de Monteverdi se trouve inscrite dans une composition plus vaste, et il ne s’agit pas d’un contrafactum mais d’une véritable réécriture.

Au soir de sa vie, trois ans après la venue de son brillant élève à Venise, Gabrieli lègue à Schütz son anneau d’or. Comme l’écrit Jean Tubéry dans le programme, « le legs n’est pas anodin, pour un vénitien qui visite chaque année de sa vie les sposalizio del mare où l’on voit le doge jeter son anneau d’or dans la lagune en signe d’éternelle reconnaissance et de pérennité qu’elle confère à la cité lacustre ». L’on sait à quel point Schütz se montra digne de l’estime de son maître, puisqu’il est souvent considéré comme le « père de la musique allemande ».

Jean Tubéry a construit un programme en deux parties. La première évoque la jeunesse vénitienne de Schütz, son apprentissage ; on y entend des œuvres du maître Gabrieli et des œuvres de Schütz. Tirant un habile parti du lieu, La Fenice joue la carte de la spatialisation et n’hésite pas, comme ce pouvait être le cas au XVIIe siècle, à placer les chœurs assez loin l’un de l’autre, créant ainsi un effet de surprise et, comme le mentionne le titre générique di Jauchzet dem Herren de Schütz, un « écho ». Œuvres grandioses, dans lesquelles La Fenice se montre parfaitement à l’aise, se jouant d’ailleurs des difficultés que peuvent impliquer la dispersion des troupes dans l’église.

J.Tubéry © Matsas

La seconde partie évoque plus spécifiquement Schütz seul, et son héritage italien. Ici, plus d’effet de surprise dû à la spatialisation. La perfection technique et la maîtrise du langage musical de Schütz sautent aux oreilles. En introduction de cette seconde partie est proposée une élaboration de Johann Vierdanck d’une chanson bien connue dans l’Allemagne du XVIIe siècle, « Als ich einmal Lust bekam » ; pour que le public en saisisse bien non seulement le sens, mais aussi la teneur musicale, Jean Tubéry raconte le contenu de la chanson, puis la chante accompagné du théorbe de Nicolas Achten, et l’on mesure ainsi le travail accompli par Vierdanck, qui livre une pièce très riche en effets d’une redoutable efficacité — je pense en particulier aux unissons. S’ensuivent de somptueuses pièces religieuses de Schütz, et une mémorable chaconne de Merula où l’ornementation a été, à notre sens, particulièrement remarquable.

Mais tout, en somme l’était dans ce concert : chacune des voix, chacun des instruments a assuré sa partie avec brio, et l’on aurait peine à citer les qualités de tout le monde. Signalons tout de même que la clavecin de Philippe Grisvard, à qui étaient confiée le soin d’introduire les pièces et qui donnait pour cela des Intonationi di Andrea e Giovanni Gabrieli, brillait par un toucher particulièrement soigné, lequel se goûtait également dans le continuo. Remarquable aussi, la parfaite cohésion de l’ensemble. Si quelquefois l’équilibre était à peine mis à mal — violon couvert çà et là par le cornet, Dagmar Saskova, soprano, un peu trop en retrait dans la première partie —, ces petits défauts n’ont été que ponctuels. Assurément, La Fenice, à qui revenait le soin de conclure cette 27e édition du festival de Lanvellec et du Trégor, a joué un coup de maîtres, en proposant un programme habilement construit et excellemment exécuté. Voilà de ces conclusions comme on aimerait soi-même en faire dans ses articles !

© MLC / Festival de Lanvellec

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Loïc Chahine

 

Le site officiel du Festival : www.festival-lanvellec.fr

 

 

 

 

 

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