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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival Folies insouciantes, Les Ombres dir. Margaux Blanchard & Sylvain Sartre 26e édition du Festival de Lanvellec et du Trégor
Sylvain Sartre & Margaux Blanchard © Les Ombres Folies insouciantes
François Couperin (1668–1733) : La Superbe Marc-Antoine Charpentier (1643–1704) : Les Fous divertissants, extraits André Cardinal Destouches (1672–1749) : Le Carnaval et la Folie, extraits
Les Ombres Mélodie Ruvio, bas-dessus Lisandro Abadie, basse-taille Margaux Blanchard, basse de viole et direction artistique Sylvain Sartre, flûte traversière et direction artistique Benjamin Chénier, Alice Julien Laferrière, violons Elsa Franck, hautbois Anaïs Ramage, basson Vincent Flückiger, théorbe et guitare baroque Nadja Lesaulnier, clavecin Thierry Gomar, percussions
Dimanche 21 octobre, église de Lanvellec Hédoniste Pour conclure le second week-end du festival, l’ensemble Les Ombres a choisi de revenir sur nos rivages français et a préparé un programme dont le morceau principal est une version abrégée de l’opéra-ballet Le Carnaval et la Folie. En 2008, l’Académie d’Ambronay avait donné de cet opus lyrique de Destouches sur un livret d’Antoine Houdar de La Motte une version intégrale, sous la direction d’Hervé Niquet. Quatre actes, abondance de personnages, danses, bref : un opéra à la française en bonne et due forme, mais non pas une tragédie ni un ballet à entrée, une « comédie-ballet » d’après la nomenclature proposée par le livret — à ne pas confondre avec le genre fondé par Lully et Molière. Avant Ragonde et bien avant Platée (1745), qui eurent toutes deux du mal à s’imposer sur la scène de l’Académie royale de musique, avant aussi Les Fêtes de Thalie (1714) qui en eut bien moins, Le Carnaval de la Folie marquait une des premières incursions du comique à l’Opéra de Paris, et réussit assez pour être repris cinq fois jusqu’en 1755, et parodié trois fois. Les Ombres ont eu la judicieuse idée de réduire l’action aux deux personnages principaux, afin d’en faire une sorte de longue cantate. Certes, l’action s’en trouve parfois brusquée, mais on en suit avec une certaine aisance le déroulement. En guise d’entrée en matière est servie La Superbe de Couperin, subtilement instrumentée. Le son est hédoniste, le phrasé et les intentions musicales sont clairs : les qualités essentielles des Ombres sont là. Suivent immédiatement des extraits instrumentaux des Fous divertissants, l’une des premières pièces créées à la Comédie-Française en 1680. Le texte de la comédie est de Raymond Poisson, lui-même comédien, la musique des intermèdes est de Charpentier. On regrettera tout d’abord que la pièce ne soit pas davantage mise à contribution : en effet, l’intrigue en est située aux Petites-Maisons, c’est-à-dire dans un asile de fous — nous sommes en plein dans le thème du festival. Voilà une comédie-ballet qui attend toujours que des interprètes audacieux se penchent dessus. Elle attendra donc encore. Les danses sont jouées avec entrain, voire avec finesse pour les mouvements lents (très agréable Ritournelle, mettant en valeur les excellents violons, joli Air pour les comédiens). Rien que de très joli, en somme, mais point de sublime ici, d’autant que l’omniprésence des percussions — certes excellemment jouées — ne nous semblait pas s’imposer pour mettre en valeur la texture contrapuntique de la musique de Charpentier.
Les Ombres © Les Ombres Il en va autrement du Carnaval et la Folie, pièce majeure, nous l’avons dit, du répertoire. Les voix, d’abord, y brillent toutes deux d’un timbre et d’une articulation claire : Mélodie Ruvio était déjà la Folie à l’Académie d’Ambronay en 2008, elle reprend donc un rôle qu’elle connaît, mais ici avec plus de légèreté — ce qui est bienvenu — et une malice qui pourrait encore s’accentuer et donner un peu plus de théâtre. Les rares vocalises ne sont pas d’une grande précision, mais le timbre est rond et chaleureux. Le baryton-basse Lisandro Abadie prête sa voix sombre et pleine aux assises graves fermes et aux aigus assurés et dramatique au Carnaval, amant éconduit. Il articule à la perfection, rend avec finesse les inflexions du texte, se joue des difficultés de la tessiture, bref : il est un Carnaval si séduisant qu’il faut bien être la Folie pour n’en vouloir plus. On regrette dans l’ensemble que davantage d’importance ne soit pas donné au texte, à ses mots, l’interprétation privilégiant finalement les ambiances et les émotions de la musique de Destouches aux revirements dramatiques et aux facéties des vers de La Motte — mais la faute, sans doute, n’en revient pas entièrement aux interprètes, car on se demande parfois dans quelle mesure le compositeur a bien été à la hauteur du comique proposé par son galant librettiste. On ne niera pas, cependant, la précision de la technique et l’aménité des timbres, ni la capacité à sonner orchestre même en petit effectif, qui font des danses et des ritournelles instrumentales d’autres délices — et ce, à tous les pupitres, depuis la flûte légère et fluide de Sylvain Sartre à la basse de viole de Margaux Blanchard mettant clairement en avant les subtilités harmoniques et se jouant des redoutables traits qui lui sont parfois réservés… En somme, c’est un programme qui, certes, pourrait évoluer un peu et gagner en théâtralité, en dramaturgie, mais qui, en l’état, réserve de jolis moments de musique. Vers le sommaire de notre dossier Lanvellec
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