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6 janvier 2014

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Chronique Festival

"Les Voyages de Bellerofonte"

Ensemble Faenza, Marco Horvat

 

26e édition du Festival de Lanvellec et du Trégor

 

Faenza © Shakuntala

"Les Voyages de Bellerofonte"

Bellerofonte Castaldi (ca.1581–1649) 

Ahi chi fia (Echo) ; Felice e contento ; Fuor di noia ; Cromatica, corrente ; Misere giovinetto (Arione) ; Passamezzo antico ; Chi vidde più lieto ; Aita, aita, ben moi ; Amor, colei che mi fa ; Tasteggio soave ; Ninna nanna ; Lamento delle Regina di Suezia (attribué aussi à Luigi Rossi).

 

Claudio Monteverdi (1567–1643)

Lamento della Ninfa

 

Textes de Bellerofonte Castaldi et Philippe Desportes (1546–1606)

 

Ensemble Faenza

Marco Horvat, baryton, théorbe et guitare baroque

Olga Pitarch, soprano

Serge Goubioud, ténor

Damien Pouvreau, théorbe

Prisca Stalmarski, violon baroque

Caroline Guth, mise en scène

Frédéric Boileau, lumières

Elsa Marc, scénographie

Shakuntala, collaboration artistique

 

Vendredi 19 octobre 2012, Espace An dour meur, Plestin-les-Grèves

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 La musique est au centre, le théâtre autour d’elle

Bellerofonte Castaldi est venu largement à la connaissance du public en 1998 : c’était le premier disque d’Alpha, celui aussi du Poème Harmonique — triple découverte donc. Plus récemment, le disque « Ferita d’amore » réunissait les deux théorbistes Evangelina Mascardi et Mónica Pustilnik et le fameux Marco Beasley pour un autre programme consacré au poète-musicien au prénom si remarquable (Arcana 368). Malgré ces parutions, force est de constater que la musique de Castaldi — pourtant de grande qualité — est peu représentée dans les programme de concert. Le personnage, de plus, n’est pas anodin : musicien et compositeur, oui, mais aussi poète, auteur de trois volumes de Rime burlesche, voyageur et aventurier, souvent en fuite… Il y a bien de quoi faire un film ou un roman. L’ensemble Faenza a choisi d’en faire un spectacle.

Ils ont imaginé Castaldi, au soir de sa vie, souffrant de sa blessure au pied — il s’y est pris une balle en cherchant à venger l’assassinat de l’un de ses frères —, se remémorant quelques épisodes de sa vie et beaucoup de musique. Car c’est bien à la musique que Les Voyages de Bellerofonte sont voués : la musique est au centre, le théâtre s’organise autour d’elle, la met en scène, sans afféteries ni prétentions démesurées. Le tout est habilement rythmé, ne laissant pas de temps morts, ni ne précipitant rien. À aucun moment tout cela ne paraît trop artificiel, tout est amené avec art, et d’ailleurs, le dispositif dramaturgique n’hésite pas à utiliser le fait que Castaldi était musicien pour le montrer se livrant à des soirées musicales avec sa compagnie d’amis “musiphiles”, comme il l’écrit lui-même — ce qui donne le temps de poser de longues pièces musicales.

Faenza © Shakuntala

C’est dans cet écrin matérialisé par la scénographie simple, modeste et efficace d’Elsa Marc que la mise en scène de Caroline Guth a placé ses personnages musiciens. Marco Horvat semblait fait pour incarner Castaldi : il fait partie de ces rares musiciens qui savent aussi jouer la comédie, chanteurs qui peuvent s’accompagner de leur instrument — comme cela s’est beaucoup pratiqué au XVIIe siècle. Il prête donc sa voix de baryton-basse si caractérisée, aussi bien timbrée dans le parlé que dans le chanté, aux textes et musiques de Bellerofonte. Pour autant, il ne tire pas toute la couverture à soi et laisse de la place à ses comparses : les polyphonies ont la part belle dans le programme musical, et à Olga Pitarch reviennent non seulement la partie soliste du Lamento della Ninfa du Monteverdi tant admiré par Castaldi, mais aussi le long et superbe Lamento della Regina di Suezia, transfiguration poétique de l’assassinat par des soldats allemands du roi Gustave Adolphe II et de la réaction de la reine de Suède son épouse qui en perdit la raison. Olga Pitarch y règne de son timbre chaleureux ; son tempérament dramatique y fait merveille, s’épanouissant peu à peu, ne s’imposant jamais en prima donna, toujours au service de la musique et du texte. Serge Goubioud n’est pas en reste, qui joue un personnage plus plaisant, avec une Olga Pitarch en partenaire muette, dans l’Amor, colei che mi fa. Il fait valoir, au-delà du timbre peu amène qu’on lui connaît, un sens aiguisé du texte chanté et une maîtrise de la tessiture, y compris dans l’extrême aigu, remarquable.

Au théorbe et à la guitare de Marco Horvat se joint le théorbe bien sonore de Damien Pouvreau, assurant des basses fermes et une réalisation souple. Enfin, signalons l’élégant et fin violon de Prisca Stalmarski, exemplaire de rhétorique, de douceur et de délicatesse.

La délicatesse, en fait, est la qualité maîtresse de tout l’ouvrage dramatique et musical. Il ne s’agit pas ici de montrer de l’outrance, de la surenchère, et tout est fait avec naturel, simplicité et finesse. C’est une belle seconde vie qui est offerte à Bellerofonte Castaldi, lui qui, comme le dit Marco Horvat, l’aimait tant !

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Loïc Chahine

 

Le site officiel du Festival : www.festival-lanvellec.fr

 

 

 

 

 

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