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6 janvier 2014

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Chronique Concert

"Les Harpes du Sultan"

Ensemble XVIII-2 Le Baroque Nomade,

dir. Jean-Christophe Frisch

 

 

 

Sirin Pancaroglu - D.R.

 

"Les Harpes du Sultan"

 de Venise à Istanbul

 

Attribué à Farabi (XIIème siècle) – Du-sems

Anonyme ottoman d'origine indienne – Nisabur (hindilar)

Barbara Strozzi (1619-1677) – L'Eraclito Amoroso

Selim III (1761-1808) Pesendide

Anonyme ottoman – Son cennetin irmaklari

Angeli – Kurdi Pesrev

Luigi Rossi (1598-1653) – Zaida Turca

Demetrius Cantemir (1673-1723) – Mevc-i Derya

 Dervis Mustafa (1650-1700) – Rehavi Saz Semaisi

Anonyme – Follia  (improvisations sur un thème baroque) 

Traditionnel persan – Owj

Anonyme (publié à Venise en 1788) – Hijaz son yürük semai / Concerto Turco 

 

Cyrille Gerstenhaber – soprano

Sirin Pancaroglu – çeng

Nanja Bredjik  - Harpe double

Emmanuelle Guigues – Viole de gambe

Derya Türkan – kemence

Yurdal Tokcan – oud

Rémi Cassaigne – Théorbe

Pierre Rigopoulos – Zarb, daf

 

Ensemble XVIII-21 Le Baroque Nomade

 

Jean-Christophe Frisch – flûtes et direction

 

1er juillet 2009, Musée des Beaux-Arts de Nantes, concert de clôture du Printemps des Arts

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Les soleils baroques de la Sublime Porte

Les orages estivaux s'abattaient sur la ville de Nantes. Dans la salle des Rubens, Gentileschi et Vouet la chaleur humide imposait sa torpeur dans l'attente d'un voyage aux bords du Bosphore. Le programme du concert, qui papillonnait en éventant le public, nous annonçait une soirée à l'exotisme pour le moins mystérieux, un mélange de pièces ottomanes, persanes et italiennes. Dès les premiers accords, au son grêlé du çeng, clavecin de la cour ottomane, les esprits échauffés par l'humidité ont oublié les fureurs de l'orage pour retrouver les couleurs d'une nuit claire des abords de l'Hellespont.

Aucun propos ne pourra décrire aisément le plaisir et le caractère exceptionnel de cette soirée. Nous avons goûté à un programme équilibré, avec un choix judicieux et de bon goût. Côté interpètes, nous saluons d'emblée Cyrille Gerstenhaber, voix puissante et douce d'un réel engagement poétique et théâtral, notamment dans la Zaida Turca de Luigi Rossi, lamentation qui nous a fait frémir plus d'une fois aux imprécations désespérées de la musulmane. Un atout majeur de ce concert fut la découverte de nouvelles sonorités, de nouveaux instruments tels le çeng, harpe de taille moyenne dont Sirin Pancaroglu tira la subtilité et les dorures de la subtile musique ottomane. Nous avons aussi découvert la kemence, violon turc de petite taille au maniement vertical dont Derya Türkan sut faire chanter la voix sinueuse et légère comme les vapeurs de la chicha. Saluons aussi les extraordinaires doigtés de Yurdal Tokcan à l'oud, un luth turc dont les accords rappellent les origines toutes orientales du virtuosisme andalou. Et n'oublions pas les percussions vives et sagement dosées par Pierre Rigopoulos, maniant le zarb et le daf, qui a fait danser les teintes anciennes des toiles qui accompagnaient notre voyage.

Palais de Topkapi à Istanbul © Muse Baroque, 2007

L'alchimie musicale atteint son sommet lors des pages Pesendide du sultan Selim III (1761-1808), dont le raffinement et l'éclat nous transportent dans les salons du Topkapi avant que les monarques ottomans ne soient engloutis par l'Histoire. Une improvisation d'une force et d'un enthousiasme inouïs lors d'une Follia onirique nous ont fait redécouvrir les beautés de ce manuscrit anonyme.

Enfin, n'oublions pas de saluer l'implication et la direction de Jean-Christophe Frisch qui démontra ce soir de juillet que la musique baroque est bel et bien nomade, et qu'il suffit simplement d'écouter ses invitations exotiques pour faire éclater le soleil anatolien au milieu d'un orage atlantique.

Pedro-Octavio Diaz

 

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Lire aussi :

Décembre 2007 : La Sérénissime et la Sublime Porte, musique baroque de Venise à Istanbul, La Turchesta et Cevher i musiki, dir. artistique Chimène Seymen (Calliope, 2007)

 

 

 

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