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6 janvier 2014

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Chronique Concert

Haendel, Geminiani, Sammartini

Il Guardino Armonico, dir. Giovanni Antonini

 

 

 

Une belle photo de jeunesse d'Il Giardino Armonico © Teldec

 

 

Georg Frederic Haendel (1685-1750)

Concerti Grossi opus 6 n° 1, 6, 7, 12.

 

Francesco Saverio Geminiani (1687-1762)

Concerto grosso en ré mineur op. 5 n°12 "La Follia" d'après Arcanuelo Corelli

 

Giuseppe Samartini (1695-1750)

Concerto pour flûte, cordes et basse continue en fa majeur

 

Il Giardino Armonico

Direction Giovanni Antonini

 

Théâtre des Champs Elysées, Paris, 12 janvier 2009

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"L'homme énergique et qui réussit, c'est celui qui parvient à transformer en réalités les fantaisies du désir." Sigmund Freud

Le jour même de la sortie officielle de leur dernier album Haendel (Decca), Il Giardino Armonico donnait un concert partiellement dédié à ces derniers aux quelques happy few du Théâtre des Champs Elysées. Car, de manière incompréhensible, plusieurs travées étaient délaissées, béantes, offrant l'étreinte de leurs accoudoirs au vide du mélomane disparu. Cabale du parti du Roi et des partisans de la musique française ? Nul ne le saura. En revanche, les absents auront eu diablement tort. Car Il Giardino Armonico a livré un concert jouissif, débordant d'une incroyable vitalité de bout en bout, depuis l' "A tempo giusto" du concerto n°1 jusqu'au 3ème bis appelé par une salle surchauffée par tant de virtuosité et d'audace. Les grincheux ne manqueront pas de critiquer les excès méditerranéens de ces tempi sanguins et farouches, encore plus visibles qu'au CD.

Peut-être est-ce la vision de tous ces musiciens, debout (car Il Giardino Armonico joue fièrement debout, exceptés les violoncelles, le luth et le clavecin bien entendu), débordant d'une énergie communicative, tout en conservant une impeccable maîtrise technique qui explique un tel succès ? On ressent là ce goût du risque, cette exubérance assumée quoique parfois presque gratuite, le simple plaisir que prennent ces musiciens à saisir la partition à bras le corps, et à la faire tournoyer jusqu'au vertige. Les attaques sont violemment chirurgicales, les premier et second violons d'une virtuosité solaire. Sans revenir sur les œuvres ou le dernier enregistrement dont on trouvera ici la critique, Giovanni Antonini a offert un Concerto grosso n°1 relativement sage et équilibré, où l'on admire la cohésion de l'orchestre, doublée de la beauté du grain des violons. "La Folia" de Geminiani - transformation de la sonate du même nom de l'opus 5 de Corelli en concerto grosso - vire à la spectaculaire démonstration tandis que les violons bouillonnent et empilent les doubles croches avec boulimie de variation en variation avant, exténués, de laisser les mouvements lents s'avachir dans un confort moelleux bien mérité. Ces contrastes caravagesques ou siodmakiens, entre trépidation électrique et repos élégiaque perdureront pendant les autres œuvres, pour culminer avec le Concerto pour flûte de Sammartini.

Giovanni Antonini s'empare alors de sa flûte à bec tel un paladin son épée, et tout en dirigeant l'orchestre, fait valoir une éblouissante dextérité, sur-ornementant jusqu'à la démesure des pièces déjà bien achalandées. Jamais on n'entendit autant de doubles croches, d'appogiatures, de mordants, de trilles, de cadences dans cette sicilienne centrale, dont la mélodie dorique s'était muée en chapiteau corinthien.

On ne s'attardera pas plus sur cette soirée mémorable, afin de ne pas paraphraser nos éloges sur l'enregistrement. Oui, ces Italiens bondissants, joueurs, aiment à surprendre nos habitudes d'écoute, bouleverser la ligne mélodique, à déstructurer et recomposer la partition en l'inondant sous une lumière brûlante puis dans un noir de jais. Oui, la musicologie en prend parfois un coup, le voisin assoupi aussi, réveillé en sursaut par un crescendo plus ou moins anachronique mais à la puissance évocatrice d'un tsunami. Mais peut-on vraiment bouder l'excitation nerveuse et la force évocatrice d'Il Giardino Armonico ?

Viet-Linh Nguyen

Georg-Frederic Haendel, 12 Concerti Grossi opus 6, Il Giardino Armonico, dir. Giovanni Antonini (Decca, 2009)

"Je pense la musique à travers des images, très souvent des images abstraites…" : entretien avec Giovanni Antonini, directeur musical d'Il Giardino Armonico à propos de l'enregistrement des Concerti grossi opus 6 de Haendel

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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