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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Cantates de Naples à Venise Damien Guillon
Damien Guillon D.R.
"Cantates de Naples à Venise"
Ensemble Le Banquet Céleste Damien Guillon (contre-ténor), Claire Gratton (violoncelle), Kevin Manent-Navratil (clavecin)
23 mai 2009, Prieuré de Froville-la-Romane, dans le cadre du Festival de Froville (54) Le printemps à Froville ou l'éclosion des jeunes talents Depuis maintenant un peu plus d'une dizaine d'années, le Festival de Froville propose de mai à septembre un programme de qualité en matière de musique sacrée et baroque. Si le petit village lorrain, perdu entre les collines de mirabelliers, reste à l'écart des hauts lieux touristiques, sa frêle église romane (un vestige rare dans cette région où la Guerre de Trente Ans a détruit au XVIIème siècle la plupart des constructions antérieures) accueille régulièrement les plus grands interprètes. On peut citer notamment les contre-ténors James Bowman, Philippe Jaroussky ou Max-Emmanuel Censic, ou l'ensemble de la Chapelle Royale de Catalogne de Jordi Savall et Montserrat Figueras. Aussi sa renommée est-elle désormais bien établie dans le Grand Est de la France. A côté des valeurs internationalement connues des amateurs de baroque, le Festival consacre également une place significative aux jeunes talents. C'est ainsi que le 23 mai dernier, le contre-ténor Damien Guillon se produisait dans un programme de cantates du XVIIIème siècle, ponctué de parties instrumentales (les sonates K 6 et K 27 pour clavecin de Domenico Scarlatti, et une sonate pour violoncelle de Francesco Geminiani).
Le concert débuta par des cantates de Nicola Porpora (1686-1768). Ouvrant la soirée avec "D'amor la bella pace", Damien Guillon fit preuve d'une belle expressivité dans les récitatifs. D'emblée, son timbre étonne par son aigu clair et charnu. Sa projection est généreuse, et les ornementations d'une fluidité assurée. Dès la seconde cantate ("A tempo giusto") le contre-ténor offrit un bel exemple de l'étendue de ses capacités vocales, nous projetant dans une cascade d'ornements qui s'acheva dans un final pyrotechnique décoiffant. Dans la cantate d'Antonio Vivaldi (1678-1741) "Qual per ignoto calle", ses vigoureuses attaques animèrent fermement le récitatif, qui éclata ensuite en un aria fougueux aux ornements virtuoses. La cantate "Dove fuggo à che penso" de Leonardo Leo (1694-1744) montra une autre facette de son talent, puisque qu'il s'agit quasiment d'une prière. Celle-ci fut interprétée avec une douceur presqu'intemporelle par une voix bien échauffée à ce moment là du récital. Elle traduisait aussi l'attachement du chanteur à faire revivre les compositions de ce musicien du répertoire napolitain moins connu que l'illustre Porpora mais ô combien attachantes. Le récital s'acheva sur une autre cantate de Porpora, "Dal povero mio cor", où la méditation du récitatif fait place à un andante à la verve soutenue et généreusement ornée. Ce fut une petite apothéose, qui déclencha de la part du public subjugué deux rappels successifs, parfaitement mérités. Ajoutons que Damien Guillon était fort bien entouré ce soir-là, avec une mention particulière au clavecin de Kevin Manent-Navratil, dont l'intensité se conjuguait avec fougue à celle du chant, et qui nous a médusés dans les sonates de Scarlatti au jeu de mains inversées ! Le violoncelle de Claire Gratton était précis et d'une sonorité généreuse, grâce à un jeu de mains particulièrement fluide ; il aurait toutefois gagné à être plus expressif dans la sonate pour violoncelle de Geminiani qui manquait un peu d'âme. Souhaitons donc à ces trois jeunes talents une longue carrière au service du répertoire baroque pour le ravissement de nos oreilles !
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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