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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Concert Costanzo Festa, Lamentatio Ensemble Scandicus
L'Ensemble Scandicus D.R. Costanzo Festa (c. 1490 - 1545) Les Lamentations du Prophète Jérémie Miserere mei pour double-chœur Ensemble Scandicus : J.L. Comoretto, M. Pontus (contre-ténors), O. Boulicot, P. Perny, H. Geraerts (ténors), J. Couleau, D. Rols (tailles), F. Cottereau, F. Velter, J-M Candenot (barytons-basses) 24 avril 2009, Monastère de Blagnac, dans le cadre des Rencontres de Musiques anciennes en Midi-Pyrénées d'Odyssud. "Austérité, il n'était qu'austérité" (P. Quignard, Tous les Matins du Monde) C'est ainsi que Marais décrit Monsieur de Sainte-Colombe dans la fiction de Quignard. Et c'est ainsi que nous pourrions décrire ce jeune ensemble prometteur, qui lors d'une soirée au mysticisme crépusculaire, a replongé un auditoire captif dans des vallées de larmes. Les Lamentations de Festa furent longtemps attribuées à Morales. Elles répondent aux exigences papales de l'époque en vue de la célébration de l'Office des Ténèbres lors de la Semaine Sainte, dans la Chapelle Sixtine. Scandicus n'a d'ailleurs pas hésité à recréer partiellement le contexte liturgique puisque le concert s'est déroulé dans la pénombre, éclairé par des cierges et candélabres dont les bougies (personnifiant les Apôtres, les trois Maries et le Christ) étaient éteintes au fur et à mesure. Ajoutons que la lecture inspirée et fervente de Michel Wolkowitsky de la traduction française du texte sacré a contribué à une meilleure compréhension de cette gigantesque déploration autour de la chute de Jérusalem saccagée par Nabuchodonosor. Dès les premiers repons et les premiers versets, on admire la cohésion de ces voix d'hommes, la précision des départs et la souplesse des mélismes (notamment les lettres hébraïques tel ce Lameth de la Lamentatio IV), la puissante verticalité de la polyphonie, scandée de manière répétitive et insidieuse. On admire la profondeur des tailles et barytons-basses, le liant des tailles. Certes, l'un des contre-ténors, à la voix plus forcée et plus aigre que ses confrères se distinguait de cette masse vocale, sinon d'une remarquable homogénéité. Les Lamentations de Festa sont à la croisée du contrepoint franco-flamand et de l'expressivité madrigalesque, lit-on sur le livret. C'est plutôt du côté des brumes flamandes que Scandicus a choisi de voyager. Car cette lecture austère, droite, impliquée et à l'émotion contenue n'est pas des plus extraverties. L'ensemble varie peu les tempi, ornemente avec grande discrétion, privilégiant la fusion enchevêtrée de pupitres d'une extrême clarté. Le résultat est aussi effrayant qu'intense, évoquant avec une certitude résignée un paysage sombre, tourmenté dans son âme et sa chair, où la seule certitude est celle de la perdition. L'acoustique très transparente de la chapelle, privilégiant la clarté des lignes, la judicieuse spatialisation, accentuent encore la gravité du discours. Alors, oui, certains souhaiteront plus de couleurs, plus de théâtralité, plus d'improvisation. D'autres se contenteront de clore les paupières, dans la nuit solitaire, emportés par le souffle expirant d'une cité ravagée. Tous enfin ne sauraient fustiger une interprétation entière, pleine et d'où l'on ressort comme meurtri. Et même le Miserere à double-chœur, plus "moderne" et avec de beaux passages en imitation, ne peut faire passer un sentiment de lassitude et d'amertume qui continue de hanter l'auditeur une fois retrouvée la froidure nocturne. Plorans ploravit in nocte...
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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