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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Concert "Quatre Elements - Quatre Saisons" Akademie für alte Musik Berlin, Sasha Waltz & Guests
D.R.
Jean-Féry Rebel (1666-1747)
Les Éléments
pour
vents, cordes & basse continue
Les Saisons dans leurs Eléments Voici une soirée assurément iconoclaste et surprenante, que ce spectacle créé par Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola au Radialsystem V à Berlin en 2007, dont le DVD est paru chez Harmonia Mundi l'an dernier, et qui désormais prend possession de la scène prestigieuse de l'Opéra Royal versaillais. Soirée risquée également, que celle de la réinvention visuelle du cycle de danse de Rebel si célèbre pour les dissonances de son Chaos initial, et des Quatre Saisons tant jouées qu'un soupçon de banalité commerciale s'y attache désormais. Et si l'on évoquera nos divergences esthétiques sur la mise en scène des Eléments, ce sera pour mieux célébrer l'originalité et la poésie épurée des Quatre Saisons, véritablement redessinées sous nos yeux avec un art du théâtre d'une franchise minimaliste gracieuse. Commençons donc par des Eléments où l'alchimie n'opère pas vraiment en dépit d'une superbe introduction du théorbiste assis dans la pénombre. L'Akademie für alte Musik Berlin fait valoir des attaques précises, et de belles cordes, mais les percussions exotiques et intrusives, un relatif manque de projection et de liant ne parvient pas à faire oublier les performances d'un Marc Minkowski, plus énergique et "français" dans les timbres orchestraux. L'Air pour l'Amour se détache des autres pièces par sa charge évocatrice, tandis que les Rossignolo sombrent dans un écueil trop décoratif. Il faut dire que sur scène Gabriel Galindez Cruz enchaîne des positions déstructurées avec fluidité. Si le Feu où son corps s'orne de lumignons s'avère saisissant, avouons notre peu d'appétence pour la Terre et l'Eau, où après s'être enduit le corps de mottes de terre brune, la souple danseur se dévêt en slip blanc moulant pour sautiller dans un micro bassin. Les Quatre Saisons furent d'un autre airain, tant musical que visuel. Et pourtant le défi paraissait autrement plus dur à relever, puisque les musiciens eux-mêmes, et en particulier le virtuose premier violon Midori Seiler participent à la chorégraphie tout en poursuivant leurs arpèges et doubles-croches. La vision est d'un lyrisme élégant et sobre, entre les musiciens ondulant comme autant de blés, leurs archets pourvus d'une petite feuille, le premier violon ça et là soulevé par la nuque solide de Gabriel Galindez Cruz, transportée de part et d'autre de la scène, recouverte de feuilles mortes ou de neige. Les musiciens s'intègrent dans le concept du musicien-danseur avec jubilation, formant des figures, tournoyant sur des chaises mobiles, se débarrassant en offrande à la cheminée de leurs partitions et de quelques instruments voués au bûcher salvateur d'une petite lanterne rouge. Et lorsque vient la fin de l'hiver glacial, alors que Midori Seiler se voit recouverte d'un drap blanc qui sera bientôt linceul, l'intégralité de l'orchestre lui aussi bascule sous la nappe blanche et immaculée de la nature indomptée.
© Harmonia Mundi Un mot sur l'interprétation musicale de ce tube pour terminer : on appréciera la franchise grainée et dynamique de l'Akademie, les départs brusques (l'orage), les violons pas toujours polis, les ornements bien sentis. On appréciera surtout certains choix plus personnels, comme ce chien du Largo du Printemps soudain discret, la musette suivante très champêtre, le clapotis rythmiquement très marqué du Largo hivernal, et l'on appréciera encore plus le talent de ces musiciens d'outre-Rhin qui n'ont pas hésité à se plier aux exigences scéniques très poussées (jouer du violoncelle debout, du violon à plat ventre...) sans sacrifier à la musicalité du propos. Un spectacle à (re)-découvrir.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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