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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Purcell, Didon & Enée L'Yriade, dir. Léonor de Récondo
Cyril Auvity D.R.
Henry PURCELL (1659-1695)
Didon & Enée (Dido & Aenea) Opéra en un prologue et trois actes, sur un livret de Nahum Tate d'après Virgile.
Solistes : Juliette Chassin (Didon), Cyril Auvity (Enée), Nelly Lawson (Belinda), Armelle Mousset (seconde dame), Clara Vallet (l'enchanteresse), Nina Le Floch (sorcière), Lydia-Sarah El Halw (sorcière), Noé Leenhardt (l'esprit), Julien Arcuri (un marin)
Danseurs : Andrea Dolente (un marin), Nuno Roque (une sorcière)
Mise en scène : Jean-Paul Scarpitta
Choeur Opéra Junior Ensemble instrumental l'Yriade Direction : Léonor de Récondo
Représentation du 28 février 2009 à l'Opéra-Comédie de Montpellier Une Méditerranée enchantée L'opéra de Montpellier Languedoc Roussillon a donné fin février dans la salle historique de la Comédie une série de trois représentations de Didon et Enée, avec les solistes (à l'exception de Cyril Auvity) et les chœurs de la troupe d'Opéra Junior. Il s'agissait en quelque sorte d'un retour aux origines. En effet, la première représentation documentée de l'opéra de Purcell eut lieu avec les jeunes filles du pensionnat Boarding School for Girls de Chelsea en 1689. Ces circonstances ne sont pas totalement isolées à l'époque baroque : Jean-Baptiste Moreau et Racine ont écrit Esther pour les jouvencelles du Pensionnat de Saint-Cyr de Madame de Maintenon, Vivaldi a composé plusieurs œuvres, dont la Juditha Triumphans, pour les pensionnaires de l'Ospedale dela Pieta. Elles sont toutefois suffisamment rares dans l'histoire de la musique pour être soulignées. Cette destination à des chanteurs non-professionnels n'a nullement amoindri la qualité de l'œuvre d'un Purcell en pleine maturité. Elle commence par une ouverture majestueuse à la française, qui traduit l'influence de Lully dans l'opéra anglais à ses débuts (celui-ci sera ensuite éclipsé par l'opéra à l'italienne développé par Haendel). L'action est assez concise. Au premier acte, Didon dans son palais révèle à Belinda son amour pour Enée, parvenu sur les côtes de Carthage après sa fuite de Troie en flammes. Lorsqu'Enée se présente à elle pour lui déclarer son amour, elle se montre toutefois réticente. Le second acte débute dans l'antre des sorcières. L'enchanteresse explique aux sorcières son plan pour anéantir Didon : Enée recevra l'ordre de quitter Carthage le soir même avec sa flotte. Dans la scène du bosquet, qui suit, un orage met fin à la partie de chasse du couple princier. L'esprit, déguisé en Mercure, ordonne à Enée de la part de Jupiter de lever l'ancre avant la nuit. L'acte trois débute par le choeur des marins prêts au départ sur le port. Au palais, Belinda essaie de consoler la reine, et Enée ne sait plus s'il doit partir ou désobéir aux dieux. Son hésitation incite Didon à le congédier. Après son départ, Didon se donne la mort. Outre les chœurs, l'œuvre est ponctuée de nombreuses parties orchestrales consacrées à des ballets. Jean-Paul Scarpitta a même réintroduit la tradition des masques de l'époque de la création, sous la forme des deux danseurs. Andrea Dolente accomplit des mimes et exercices assez réussis qui viennent rythmer les moments forts de l'œuvre, tandis que le numéro de Nuno Roque lors de la scène des sorcières vient en renforcer l'intensité dramatique. Les décors, sobres et agréables sont mis en valeur par les jeux de lumière. Les costumes, simples et contemporains, complètent l'évocation du drame antique sans perdre le caractère de fraîcheur adolescente de l'Opera Junior. L'épisode final de la mort de Didon, baignée d'une nuée de pétales de roses, constitue un moment d'émotion très fort et particulièrement délicat. L'orchestre sur instruments anciens garde un volume en adéquation avec les voix des chanteurs. Celles-ci, sans être exceptionnelles, sont toutes plaisantes. Juliette Chassin (Didon), avec un timbre légèrement acidulé qui lui donne de la maturité, s'acquitte avec bonheur des difficultés du rôle. Les autres chanteurs de l'Opera Junior forment à ses côtés une distribution extrêmement homogène et de bon niveau. Cyril Auvity (Enée) émerge légèrement au-dessus de ses partenaires, avec son timbre généreux, et un sens aigu des nuances, sans briser l'équilibre général à son profit. La direction de Léonor de Recondo, claire et fluide, nous tient en haleine tout au long de l'œuvre, sans s'emporter dans les temps forts. Les chœurs, sous la direction de Valérie Sainte Agathe-Tiphaine, sont excellents. La représentation a été un pur moment de bonheur, longuement applaudi par le public. Elle démontre avec brio que l'on peut "fabriquer" un bon spectacle avec des moyens réduits, et de jeunes interprètes de talent. Pour nos lecteurs qui habitent la région ou qui sont tentés par le voyage, indiquons que deux autres représentations sont prévues, au théâtre Jean Alary de Carcassonne le 13 mars, et au théâtre Molière de Sète le 15 mai.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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