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6 janvier 2014

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Charpentier, Les Arts Florissants,  Les Plaisirs de Versailles, La Pépinière des Voix, dir. Agnès Mellon et Patrick Cohën-Akenine, mise en scène Natalie van Parys

 

 

Les Plaisirs de Versailles © Les Folies Françoises 

 

M.-A. Charpentier

Les Arts Florissants, H487 (1685)

Les Plaisirs de Versailles, H480 (1682)

 

La Pépinière des Voix : 

Emmanuelle Campana, soprano

Adèle Carlier, soprano

Hasnaa Bennani, soprano

Elena Rakova, mezzo - soprano

François Pagot, ténor

Christian Ploix, ténor

Julien Clément, basse

Jean Ballereau, basse

 

Direction artistique : Agnès Mellon et Patrick Cohën-Akenine

Mise en scène : Natalie van Parys

 
12 mai, Maison de la Culture, Bourges

 

La Pépinière des Voix, formation pour jeunes chanteurs

Diffusion d’œuvres vocales baroques mises en scène

Avec le parrainage de William Christie et la participation de la chorégraphe Natalie van Parys

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Tandis que dans Paris Atys vient à renaître

C’est donc après un travail resserré et intense aussi bien de la part de l’équipe encadrante — Agnès Mellon, Patrick Cohen-Akenine, Natalie van Parys — que de celle des jeunes chanteurs de la Pépinière des Voix que le rideau de l'auditorium de Bourges peut découvrir la première de deux petits opéras de Charpentier. Les Plaisirs de Versailles sont assez bien connus des mélomanes : William Christie et Les Arts Florissants en ont livré une belle version discographique (2004, Erato), tandis que Les Folies Françoises connaissent également l’œuvre pour l’avoir avec bonheur enregistré en DVD (2005, Armide).

Il n’en va pas de même des Arts florissants ; on oublie ou l’on ignore souvent qu’avant d’être le nom d’un ensemble fameux, c’est le titre d’une "idylle en musique" chantant la gloire de Louis XIV et les bienfaits de la paix, composé vers 1685–86. L’ensemble qui en a tiré son nom en a également fourni la seule version enregistrée, en 1981.

Malgré un titre harmonieux et attrayant, le livret est assez terne et se borne globalement à... chanter la gloire du roi et les bienfaits de la paix qu’il ramène. Oui, c’est bien le propos, développé en trois étapes : les Arts personnifiés chantent la gloire du roi, la Discorde apparaît et tente de mettre en péril l’équilibre établi par le roi, mais la Paix la chasse et confirme l’équilibre établi par le roi. C’est une œuvre rhétorique, dogmatique, peut-être un peu longue pour si peu de matière et un ensemble si réduit, mais dont la musique ne manque pas de charme.

Natalie van Parys a donc choisi de mettre l’accent sur l’aspect hiératique de l’œuvre en adoptant costumes Grand Siècle stylisés, gestuelle baroque et déplacement soigneusement codifiés. C’est assez joli, mais peut-être un peu trop figé, justement. La gestuelle gagnerait à être plus souple : en effet, les tableaux dont on s’inspire, certes, ne bougent pas, mais suggèrent le mouvement. Or ici le mouvement évoque plutôt un certain immobilisme. L’idée de départ est sans doute excellente, mais Les Arts florissants ne sont hélas pas assez fascinants pour la soutenir tout du long.

Dans Les Plaisirs de Versailles, c’est tout autre chose ! Nous voici transportés dans les années 1930–40, dans un salon mondain, avec un canapé de velours rouge au centre de la scène où évoluent pin-up, femmes du monde et gentlemen. Les déplacements sont toujours aussi soignés, mais quelle différence dans la direction d’acteurs ! Quelle vitalité, quelle décontraction ! Assurément une belle réussite.

Les Arts Florissants © Les Folies Françoises 

Dès les premières interventions vocales, on est frappé par la qualité du style. Il faut dire qu’Hasnaa Bennani (La Musique) possède une voix claire et puissante, un joli timbre, une précision dans l’ornementation, des aigus sans la moindre aigreur, un grave peut-être manquant encore d’appui, bref, une voix légère et agile mais non sans corps. Assurément une révélation ! Du côté des voix masculines, celle de Jean Ballereau manque encore un peu de corps dans l’aigu, mais la voix est dotée d’un beau timbre, le medium est sonore, les vocalises impeccables. Julien Clément (La Discorde) fait également sensation à son entrée, par une forte présence et une voix stupéfiante : certes, l’agilité n’y est pas toujours, mais la tessiture est très homogène et d’un très beau métal, l’attaque impérieuse. Impérieuse, la Paix d’Adèle Carlier ne l’est pas moins, par sa présence physique sur scène, par, encore une fois, un beau timbre, charnu, admirablement rond ; si la voix est moins puissante, elle parvient néanmoins, sans tirer, à s’imposer. L’ornementation est soignée et délicate.

On retrouve Adèle Carlier en Musique dans Les Plaisirs de Versailles, avec un air ennuyé de mondaine blasée, alanguie mais altière, et sensible. Sa comparse, Emmanuelle Campana, se fait remarquer par d’autres qualités. La voix n’est pas ce qui touche le plus (le vibrato n’est pas des plus heureux), mais le texte est toujours parfaitement intelligible — grande qualité dans cette musique ! Et puis c’est un jeu sur scène, une énergie, un abattage qui font vivre le personnage. De Christian Ploix (Le Jeu), on notera simplement que si la voix est agréable, les aigus manquent un peu de justesse et le personnage reste un peu terne — mais il faut dire aussi que son intervention est d’autant plus difficile à rendre marquante qu’elle est brève. Les ensembles sont assez convaincants, même si la haute-contre François Pagot vibre trop et si les dessus pourraient être plus homogènes.

Quant aux Folies Françoises, qu’en dire, si ce n’est qu’elles sont admirables de discrétion, de retenue et de subtilités ? Laissant les chanteurs au premier plan, Patrick Cohen-Akenine et son équipe parviennent néanmoins à colorer la partition avec délicatesse, sans effets superflus.

C’est donc globalement une réussite que cette soirée, malgré quelques défauts, et l’on ne peut que souhaiter de voir le tout mûrir au fil des représentation — c’était la toute première ! — pour devenir d’une jolie fleur un beau fruit.

 

 

Loïc Chahine

 

"Je suis étonnée d'avoir tant de choses à dire" (Agnès Mellon) : La Pépinière des Voix ou des arts florissants

 

La Pépinière des Voix sur le site officiel d'Agnès Mellon : www.agnesmellon.com/?page_id=64

 

Site officiel des Folies Françoises : www.foliesfrancoises.com

 

Les dates de la tournée 2011

- 12 mai : Maison de la Culture de Bourges

- 18 mai : Théâtre d’Orléans

- 13 juin : Midsummer Festival – Hardelot (62)

- 4 juillet : Festival Viva Voce – Caen (14)

- 17 octobre : Théâtre de Poissy (78)

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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