Rechercher
- Newsletter
-
Qui sommes-nous ?
-
Espace Presse - FAQ
-
Contacts -
Liens
- |
mise à jour 6 janvier 2014
|
Chronique Concert "En fiesta tan alegre !" Ensemble La Boz Galana
© Leandro Suárez, 2011
"En fiesta tan alegre !" Une fête baroque religieuse en Espagne
Matias Durango (1636 - 1698) "Ay, dulce Amor" (villancico au Saint-Sacrement, à quatre) "Pues mi dios a nacido" (villancico de Noël, à quatre) "Toca la flaute, Siola Flasica" (villancico de Noël, "Negrilla", à trois) "Tota Pulchra es, Maria" (motet pour Notre Dame, à deux) "Salve Regina" (motet en romance, à quatre) "Alerta" (villancico aux Rois Mages, à quatre) "Canta el ruisenor" (villancico au Saint-Sacrement, à deux) "Navecilla que sales al puerto" (villancico au Saint-Sacrement, à trois) "En fiesta tan alegre" (villancico au Saint-Sacrement, "Jacara", à quatre)
Francisco Guerau (1649 - 1722) Canarios Jacaras
Diego Fernandez de Huete (1635 - 1713) Pasacalles
Francisco Correa de Arauxo (vers 1584 - 1654) Tiento en forma de cancion
Ensemble La Boz Galana : Aura Elena Gutierrez, soprano ; Giovanna Urrutia, soprano ; Breno Quindere, contre-ténor ; Sebastian Leon, baryton ; Guisella Massa, violone (viole de gambe) ; Diego de Abrantes, guitare baroque ; Louis Capeille, arpa de dos ordenes
Concert donné en la chapelle Saint-Trophime de Buis-les-Baronnies le 21 juillet 2013 Les chaudes couleurs Ce dimanche après-midi la lourde chaleur qui s'était abattue sur la bourgade de Buis-les-Baronnies, bien connue des amateurs d'herbes aromatiques et de condiments, n'avait pas dissuadé les spectateurs de gravir la montagne environnante pour accéder à la petite chapelle Saint-Trophime, perchée sur son rocher. L'ensemble La Boz Galana y proposait en effet un programme singulier, précieux échantillon d'un répertoire mal connu et rarement chanté en France, celui de la musique religieuse baroque espagnole de la fin du XVIIème siècle. Confrontée à la Réforme, la liturgie tridentine s'était adaptée pour vulgariser le message catholique : à côté des motets en latin de la liturgie aparaissent des "villancicos", chants en langue vulgaire (en l'occurence l'espagnol) pour décrire les épisodes des Ecritures. Parfois même, comme pour le "Salve Regina" le motet est écrit en espagnol. A la fin de la première partie du concert, Louis Capeille nous apporta d'intéressantes précisions sur ce répertoire, ainsi que sur les instruments particuliers qu'il requiert (viole de gambe et guitare, et surtout la surprenante "arpa de dos ordenes" ou harpe à double cordature, aux sonorités enchanteresses, qu'il manie avec talent). Le programme comportait du reste plusieurs pièces purement instrumentales - dont une originale transcription d'une pièce pour orgue du compositeur Francisco Correa de Arauxo, permettant d'apprécier pleinement les délicates sonorités de ces instruments peu communs.
© Leandro Suárez, 2011 Côté chant l'ensemble a fait preuve d'une bonne maîtrise des techniques vocales de ce répertoire baroque aux influences Renaissance encore très marquées, et d'une bonne homogénéité. Le contre-ténor Breno Quindere joue habilement des contrastes entre un timbre diaphane dans les aigus (dans le "Pues mi dios a nacido") et une étonnante faculté à s'épanouir dans les graves, qui renforce son expressivité ("Navecilla que sales al puerto") et nous fait conclure que le qualificatif de haute-contre semblerait plus approprié pour caractériser sa voix. La soprano Giovanna Urrutia nous a gratifié de belles attaques dans le "Pues mi dios a nacido", et le timbre cuivré d'Aura Elena Gutierrez déploie une belle expressivité dans le "Cante el ruisenor", comme dans les attaques de "Alerta". Les deux sopranos nous ont offert un duo bien équilibré dans le motet "Tota pulchra es, Maria", avec de beaux ornements perlés sur le passage "Intercede pro nobis". La voix profonde et généreuse du baryton Sebastian Leon domine cependant l'ensemble, avec de magnifiques passages a capella dans le "Salve Regina", des veloutés charmeurs dans le villancico "Cante el ruisenor", et des attaques bien posées dans l'ensemble des autres chants. Aussi les chœurs à trois ou quatre voix ont-ils aussi recueilli un succès appuyé auprès des spectateurs, en particulier "Toca la flauta, Siola Flasica", et le sophistiqué "En fiesta tan alegre" au caractère festif bien marqué, qui a donné à juste titre son intitulé au concert. Les pièces instrumentales ont mis en valeur le chant délicat de la guitare baroque de Diego de Abrantes, en particulier dans les deux pièces de Guerau. La "arpa de dos ordenes" de Louis Capeille a déployé de suaves sonorités pour les "Passacalles" de Diego Fernandez de Huete, et des accents célestes dans la transposition du "Tiento en forma de cancion" de Francisco Correa de Arauxo. Mentionnons également la viole de gambe expressive de Guisella Massa. Transportés, les spectateurs demandèrent un bis ("De tu vista celoso", du Cancionero de la Sablonera, fin XVIème siècle). Soulignons encore une fois le mérite incontestable de l'ensemble Boz Galana, n'hésitant pas à proposer au cours de ses concerts estivaux dans le sud-est de notre beau pays des œuvres et des compositeurs méconnus et contribuant ainsi à développer la curiosité du grand public pour le répertoire baroque.
|
Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
|