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6 janvier 2014

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Chronique Concert

"Qu’es de ti desconsolado"

Musique espagnole à l’époque de la reconquête de Grenade

 

 

L'Ensemble Il Ballo © Vincent Curdy

 

"Qu’es de ti desconsolado"

Musique espagnole à l’époque de la reconquête de Grenade

 

Ensemble Il Ballo

Direction  Leonardo Loredo de Sà

 

Séfarade

La rosa enflorece (Séfarade)

Yo m’enamori d’un aire (Séfarade)

 

Spagna

Spagna (Diego Ortiz)

La mañana de San Juan (Diego Pisador)

       

La Paix

Pavana d’Alexandre et Galliarda (Alonso Mudarra)

Aquella mora garida (Gabriel)

Tres morillas m’enamoram (Anonyme)

 

La Guerre

Danza alta (Francisco de la Torre)

Sobre Baça estaba el Rey  (Anonyme)

Ricercada quinta (Diego Ortiz)

Ricercada segunda (Diego Ortiz)

Una Sañosa porfia (Juan del Encina)

 

La Fin
De Antequera sale el moro (Miguel de Fuenllana)

Paduana del Re - Galliarda la Traditora (Anonyme)

Passeavase ‘el Rey Moro (Luys de Narvaez)

Qu’es de ti desconsolado (Juan del Encina)

 

España

Triste España sin ventura… !  (Juan del Encina)

Si abrá en este baldrés… !  (Juan del Encina)

Levanta, Pascual (Juan del Encina)

 

Le Rêve

Adío Querida (Séfarade

Canarios  (Michael Prætorius /Fabrizio Caroso)

Chacona (Juan Arañez)

 

 

Veronica Onetto : soprano

Xavier Legasa : baryton

Julien Martin : flûtes à bec

 Isabelle Dumont : violes de gambe

Alain Bouchaux : percussion

 

Leonardo Loredo de Sá : direction, luth & guitare renaissance

 

20 septembre 2009, Eglise Saint-Martin, Herblay

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Transpirant la musique

Ayant coutume de jouer malicieusement avec les règles établies, les conventions, la routine et les clichés, la Muse a décidé de déroger à son propre establishment, et vous entraîne ainsi dans une contrée peu visitée jusqu’alors, l’Espagne de la fin du XV° siècle, au temps de la Reconquista.

A l’occasion des Journées du Patrimoine, la ville d’Herblay (95) avait organisé un concert en son église, bâtisse de taille modeste, dont quelques pans de murs datent effectivement du XV° siècle, et dont le plus grand mérite est de disposer d’une acoustique excellente.

Pourquoi Grenade au XV° siècle ? Eh bien... pourquoi pas ? En fait, tout tient à la valeur de l’ensemble Il Ballo, que nous retrouverons d’ailleurs en octobre, à l’occasion du Festival baroque de Pontoise. Fondé en 2002, Il Ballo se consacre à l’interprétation de la musique des XVIe et XVIIe siècles, avec un intérêt particulier pour la musique de la Renaissance et pour la musique italienne du XVIIe siècle.

Une fois les luths réaccordés, le silence se fait. Puis une vibration envoûtante monte sous les voussures romanes de l’église qui s’estompent lentement. Tout n’est plus que chaleur et langueur méditerranéenne ; une foule bigarrée et cosmopolite vous presse sur une place écrasée de soleil où s’exhalent mille odeurs épicées : vous êtes à Grenade, dans ce XV° siècle à la fois cruel et raffiné où se bousculent Maures ombrageux, Chrétiens belliqueux et Juifs en quête d’existence. Alors s’élève la voix puissante, chaude et vibrante de Veronica Onetto, en une mélopée ensorcelante, la lamentation frémissante et sublime de la musulmane ou de la juive Séfarade. La fascination tient le public coi, totalement subjugué pendant plus d’une heure (nonobstant quelques craquements de chaise manifestement moins maîtrisables qu’une toux inopportune – le charme du mobilier paroissial, patrimoine authentique !).

La Muse a apprécié le programme équilibré et judicieux, qui évoque à merveille le foisonnement culturel de la civilisation Ibérique à la fin du XVe  siècle (La rosa enflorece, Yo m’enamori d’un aire, Spagna, La mañana de San Juan), l’harmonie entre les peuples (Pavana d’Alexandre et Galliarda, Aquella mora garida, Tres morillas m’enamoram), la guerre (Danza alta, Sobre Baça estaba el Rey, Ricercada quinta, Ricercada segunda, Una Sañosa porfia) et enfin la victoire des rois Catholiques (Paduana del Re - Galliarda la Traditora, Triste España sin ventura… !, ou encore Qu’es de ti desconsolado). 

 

La Cour des Lions de l'Alhambra de Grenade © Patronato de la Alhambra y el Generalife

 

L’Ensemble Il Ballo réunit en une délicate alchimie une soprano, Veronica Onetto,  à la voix riche et douce, d’où sourd une sensibilité prégnante et un magicien qui jongle avec ses flûtes comme un musicien elfique, Julien Martin ; un joueur de luth et de guitares, Leonardo Lredo, aux extraordinaires doigtés multifonctionnels et Isabelle Dumont, talentueuse joueuse de viole de gambe rigoureuse et perfectionniste ; un baryton au timbre ample et sonore (qui peine un peu aux reprises, soit dit en passant) et enfin un percussionniste sous les mains duquel les tambourins andalous rendent percevable la respiration cadencée et haletante des peuples ibériques.

Au sortir du concert, le public se frotte les yeux, surpris de voir la Seine moirée qui serpente au bas de ce coteau valdoisien au lieu de la rose Grenade étendue au pied de l’Alhambra. Les commentaires enchantés et admiratifs fusent : "La soprano, elle a une voix... on dirait un ange qui descend du ciel" (mes concitoyens sont des poètes qui s’ignorent)... Et la journaliste de la Muse se promet de garder un œil sur l’agenda de cet ensemble à l’avenir prometteur

Hélène Toulhoat

 

 

 

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