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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert "La Grande Europe Baroque" Cyrille Gerstenhaber, Balkan Baroque Band, dir. Jean-Christophe Frisch
Jean-Christophe Frisch - D.R. "La Grande Europe Baroque" J.B. LULLY
Suite d’Armide
: Ouverture, Gavotte, Menuet, Marche, Air, Sarabande,
Concerto grosso Opus 3 n°1 : Allegro, Adagio, Allegro
Concerto Brandebourgeois n° 5 BWV 1050 : Allegro, Affettuoso, Allegro
Sinfonia : Allegro Assai, Andante, Allegro Passato
Balkan Baroque Band :
"Un guerrier indomptable les a délivrés tous" (Quinault, Armide) C'est dans la salle la moins (néo-) baroque de l'étonnant Hôtel de Béhague (dont on peut admirer le bel escalier Régence en marbre polychrome et le joli buffet néo-rocaille palladien dans le jardin) que s'est déroulé le second concert de l'histoire du Balkan Baroque Band, jeune ensemble créé par Jean-Christophe Frisch et qui rassemble des musiciens de tous les Balkans : grecs, croates, hongrois, tchèques... Dans la pénombre mystérieuse et un peu défraîchie de la Salle Byzantine, l'orchestre s'est laissé allé aux plaisir du Grand Tour à la manière de ces jeunes aristocrates qui découvraient l'Europe et ses trésors artistiques. Si la Suite d'Armide s'est avérée décevante, force est d'avouer que le "BBB" a su faire partager ensuite à l'auditoire sa verdeur enthousiaste, son énergie et sa spontanéité parfois brouillonne mais toujours colorée, laissant entrevoir une brillante carrière dont on espère qu'elle ne reniera jamais la joie décomplexée de cette période fragile - et passionnante - de gestation. Le concert débuta par la Suite d'Armide, sur laquelle on ne s'attardera guère en raison de nombreuses imprécisions, d'une sonorité encore raide, d'un alto carrément désaccordé, et d'un manque de liant et de naturel dans les notes inégales. Toutefois, l'air "Ah, si la liberté me doit être ravie" interprété avec un désespoir sensible et touchant par Cyrille Gerstenhaber qui a privilégié l'amoureuse tourmentée par rapport à la redoutable magicienne, de même que la fameuse Passacaille finale ne déméritent pas. Perplexe, nous voyons le BBB s'éclipser et revenir pour le Concerto Grosso n°1 opus 3 de Haendel. Et là, Ovide se métamorphose. Envolé, la gaucherie précieuse d'une écriture à cinq parties un peu plate au profit du premier violon ailé de Sharman Plesner aux articulations solaires et charnelles, entouré avec énergie et conviction par un BBB nettement plus engagé et rigoureux dans ses départs, sculptant les dynamiques, jouant sous la baguette élégante de Jean-Christophe Frisch sur le duel entre les soli de violon et de hautbois, les oppositions en chiaroscuro des solistes résistant à la masse orchestrale boulimique. Le temps d'un Adagio lyrique et sensuel -noù s'illustre un hautbois sinueux et charmeur - suspend son vol jusqu'à l'allégresse fière de l'Allegro final, presque musclé. Applaudissements. Surprise ravie du public. Stylo en l'air pour le critique devant la vitalité de ce nouveau-né.
Le Balkan Baroque Band lors du concert de Thessalonique en novembre 2010 - D.R. Les mêmes qualités d'équilibre rieur et bouillonnant surgissent dans le 5ème Brandebourgeois - même si dans le premier mouvement le traverso discret de Jean-Christophe Frisch fut souvent recouvert dans les graves par les autres musiciens. La palme y revient sans nul doute à Erich Türk pour le fameux solo de clavecin d'une ébouriffante virtuosité (quoique parfois trop vertical du côté d'une main gauche ça et là trop plaquée), si bien que le reste de l'orchestre en retrait, attend, admiratif la fin de la cadence. On saluera la fluidité du discours, le naturel optimiste italianisant de la lecture, une sorte de joyeuse nonchalance complice. Chez Vivaldi, le motet "In Furore iustissimae irae" permet au BBB d'étaler la puissance contrastée de ses cordes, de s'ébaudir dans une peinture épaisse et violente qui fait songer au dramatisme éclatant d'Il Giardino Armonico et d'autres ensembles transalpins. Le soprano sensible et poétique de Cyrille Gerstenhaber dévale courageusement les cascades de doubles croches et de mélismes, et si la projection est parfois un peu trop confidentielle et les aigus fermés, la ligne mélodique gagne en grâce ce qu'elle perd en exubérance. Reste enfin - car nous omettrons les bis débridés difficilement descriptibles, où l'ardeur populaire des musiciens le cède à une salle conquise applaudissant en rythme - reste enfin une Sinfonia d'Amandus Ivancic, compositeur qui entra dans les ordres dans un monastère près de Graz et dont l'écriture préclassique, proche de Galuppi et Ferrandini déroule sa clarté mélodique avec assurance. L'Allegro assai initial, "à la turque", avec ses motifs saillants, est tout à fait remarquable, même si les deux mouvements suivants apparaissent plus convenus, et le BBB étale la soierie de ses cordes pour la fin de ce voyage baroque dont on attend avec avidité les prochaines escales.
Prochains concerts du BBB :
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2 août 2011 :
Lessay (France) - 28 Mars 2012 : Valenciennes (France)
Vers les Nuits Baroques du Palais de
Béhague
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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