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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Bach, Messe en si mineur Amsterdam Baroque Orchestra and Choir, Ton Koopman
© Ton Koopman Johann Sebastian BACH Messe en si mineur Sandrine Piau : soprano Marie-Claude Chappuis : alto Jörg Dürmüller : ténor Klaus Mertens : basse
Amsterdam Baroque Orchestra & Choir Ton Koopman : direction 14 novembre 2008, Salle Pleyel, Paris. "Paris vaut bien une messe" Nous sommes arrivés les cheveux agglutinés par la pluie, le cœur battant tant nous avions couru. Le destin malicieux avait presque réussi à nous priver de cette Messe. Heureusement, à huit heures moins dix, confortablement lovée dans un fauteuil écarlate, la critique se laisse aller à la réconfortante perspective d’un concert de qualité. Et ce fut bien plus que cela. Dès les premières notes du "Kyrie" et pendant tout le concert, la salle se voit enveloppée dans un douillet cocon de tendresse et de sensualité. On connaissait le dynamisme un peu mondain de Ton Koopman, son sens des couleurs et du spectacle, son goût immodéré pour les ornements. Et l’on découvre une vision d’une homogénéité et d’un liant époustouflants, au tempi sereins voire larges (sauf à partir de la fin du "Credo"). Le traitement de l’orchestre prend parfois des allures ramistes dans sa façon d’assembler ou de dissocier les timbres, d’utiliser avec une insidieuse générosité le tapis de cordes qui soude la "pâte musicale". Et le plus remarquable est que, contrairement à de nombreuses occasions où les interprètes prennent du temps pour s’échauffer véritablement, l’Amsterdam baroque Orchestra et ses solistes ont été au meilleur de leur forme de bout en bout, savourant la partition jusqu’à la dernière miette. Il faut dire que le chef, qui dirigeait depuis son clavier, a rassemblé une équipe d'où émergent deux chanteurs d'exception. On retrouve avec plaisir le soprano chatoyant de Sandrine Piau dont l'élégance et le dynamisme éclipsent en partie la prestation honorable de sa consœur Marie-Claude Chappuis dans le duetto du "Christe eleison". Le phrasé, déclamatoire, équilibré, semble couler de source ; les ornements sont précis et naturels, ponctuant la mélodie sans l'alourdir, les aigus corsés et épanouis. A l'autre extrémité du spectre, Klaus Mertens interprète magistralement le "Quoniam tu solus spiritus" de sa voix profonde, puissante, stable, avec en arrière-plan deux bassons relaxés et un cor naturel si doux qu'il en devient inaudible. Le "Et in Spiritum Sanctum" du Credo, résonnant et incantatoire, confirme le talent de Mertens, incontournable bachien. Le reste de l'équipe est honnête, plus en retrait. Marie-Claude Chappuis fait montre d'un timbre clair, un brin uniforme, d'une touchante fragilité mais à la projection discrète. L'alto se montre appliquée, et pas toujours à son aise ("Qui sedes ad dextram Patris"), sauf dans un "Agnus Dei" moelleux et contrit. Enfin le ténor Jörg Dürmüller possède un son nasal et une émission chevrotante qui sont compensés par son intelligence mélodique. L'Amsterdam Baroque Choir connaît son ABC et réagit avec une grande souplesse aux gestes de son chef. On a moins l'impression d'entendre un assemblage de pupitres qu'une masse organique insaisissable et mouvante, d'une homogénéité nacrée, aux aigus diaphanes. La clef du succès réside incontestablement dans l'approche personnelle et cohérente de Ton Koopman, d'un lyrisme poétique sage et subtil. Tous les mouvements précédant le rutilant "Confiteor" sont volontairement lisses et ronds, dédaignant les cuivres au grand dam des trompettistes et des cornistes dont les prestations furtives et clandestines se perdent derrière le velours des cordes et les couleurs tendres des bois. Ecouter cette messe koopmanienne, c'est un peu se glisser sous la soyeuse couverture du berceau d'un nouveau-né, goûter avec émerveillement la plénitude innocente qui s'en dégage, se laisser aller à un confort douillet et relaxant. Jusqu'au réveil du "Confiteor" et des mouvements suivants, où les temps forts sont exaltés avec jubilation dans une ivresse multicolore qui culmine dans un "Osanna" au triomphe éclatant. Tout comme ce concert.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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