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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
Le voyage d'un Italien en pays celte : Francesco Geminiani
Bruno Cocset, Richard Myron, Maude Gratton
Richard Myron, Maude Gratton et Bruno Cocset (de gauche à droite) © Muse Baroque, 2011
La contrebasse de Richard Myron © Muse Baroque, 2011
Le voyage d'un Italien en pays celte : Francesco Geminiani
Giovanni Battista Bononcini Sonate en la mineur
Joseph Ferdinand Dall’abaco Caprice
Francesco Geminiani Sonate en ré mineur, tendrement, songs, air made into sonatas for violins and bass
James Oswald Songs
Bruno Cocset, alto, ténor de violon & violoncelle Richard Myron, contrebasse Maude Gratton, clavecin
Samedi 27 août, Église de Colmesnil-Manneville (76) "La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir." (Leonard de Vinci) Bruno Cocset a été le musicien le plus présent du festival, faisant le voyage d'un violoncelliste en Normandie. Des pièces anglaises pour viole & basse puis des Fantaisies pour cordes purcelliennes de la veille à ce programme original autour de la figure de Geminiani, sans même compter son exposé sur l'histoire du violoncelle, le musicien promène son archet souriant et passionné, n'hésitant pas à recourir à des expérimentations sonores grâce aux instruments conçus sur mesure pour ses projets. Grâce au pérégrinations étonnantes de Geminiani des salons londoniens aux brumes de l'Hibernie, entre pubs et palais, de la taverne aux salons, Bruno Cocset et ses compagnons ont livré un parcours rêveur et contrasté, généreux et sans autre prétention qu'une musicalité colorée et épanouie. La Sonate en la mineur de Bononcini s'ouvre avec fluidité et douceur, enveloppant l'église à l'excellente acoustique des timbres grainés des cordes de Bruno Cocset et Richard Myron relevés par l'harmonie cristalline du clavecin de Maude Gratton un brin austère. Le jeu de Bruno Cocset laisse voir son habituelle virtuosité discrète, son refus de la facilité mélodique, articulant son discours avec naturel, insistant sur les harmoniques, n'hésitant pas, au gré de sa respiration et de son instinct expressif à fragmenter la mélodie ou à la recomposer par un phrasé audacieux. Le second mouvement s'avère plus joueur, le dernier réminiscent de l'élégance de Jean-Marie Leclair.
Détail d'un retable anonyme de l'église © Muse Baroque, 2011
Les deux Caprices n°1 et 4 de Dall'abaco font partie de ses onze pièces inachevées pour violoncelle seul et ont sans nul doute constitué le point fort de ce voyage. Les délices arpégés du Caprice n°1, la répétition obstinée et mélancolique du thème, l'archet mouvant, vif et insaisissable de Bruno Cocset en font un moment de musicalité privilégié, surpassé par le Caprice n°4 tendre et élégiaque, complexe et sinueux, au tempo plus lent, aux doubles cordes frémissantes, caresse chancelante d'une souffle d'automne. L'humanité du langage, la respiration du musicien qui se mêle à celle de son instrument, ricochant sur les stalles XVIIe et la coque du navire naufragé qui flotte sur nos têtes plongent l'assistance dans un fascination léthargique, état second où les repères se brouillent et où l'esprit chemine sur le crin d'un archet, ballotté au gré des tirés / poussés jusqu'au soupir final en une lente agonie. Après cette traversée de nuages, la Sonate en ré mineur de Geminiani charme par sa ravissante simplicité mélodique, avec l'aide complice de Richard Myron qui jubile, de Maude Gratton attentive à structurer le rythme, et à donner du dynamisme à l'ensemble quoique parfois un peu raide, tandis que Cocset se saisit d'un ténor de violon. Les airs irlandais "made into sonatas" concilient l'art raffiné et mondain des sonates italiennes à la rusticité engageante des accents irlandais (avec un "O Betty belle" spontané et réjouissant), qu'on retrouve sous une forme plus traditionnelle sous la plume de James Oswald, auteur de Collection of curious Scots Tunes. Si "The Banks of Sligo" se révèle agréable mais conventionnel, "Boni Christi" fortement teinté de musique populaire et aux accents suspects achève de jeter un pont entre la chapelle et le bistrot chaleureux qui dissipe la grisaille environnante.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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