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6 janvier 2014

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Chronique Festival

 

 

Le voyage d'un Italien en pays celte :

Francesco Geminiani

  

Bruno Cocset, Richard Myron, Maude Gratton

 

 

Richard Myron, Maude Gratton et Bruno Cocset (de gauche à droite) © Muse Baroque, 2011

C’est presque avec regret que nous quittons notre chaise-longue dans le jardin du Presbytère datant du milieu du XVIIIème siècle qui sert de quartier général stylé à l’Académie Bach et où nous nous étions entretenus avec Benjamin Lazar. Depuis ce reposant carré d’herbe, le regard porte vers l’énorme masse du château médiéval, perché sur son éperon. Sous une bruine tendre, nous arrivons en vue de Colmesnil-Manneville, et de sa petite église Saint-George reconstruite en 1699 sur l'emplacement d'une ancienne chapelle romane attestée dès 1177 d'après les fiches de l'Inventaire du Patrimoine que nous avons recherchée. A l'intérieur, on est immédiatement saisi par le caractère apaisant de la nef de briques, et la voute apparente de la charpente, toute lambrissée de bois, à la manière d'une immense coque de navire renversée. Au fond du choeur, à gauche (partiellement masquée par Richard Myron sur le cliché) une belle statue équestre de Saint Georges casqué terrassant le dragon, en bois polychrome de la première moitié du XVIIe siècle semble surveiller les festivaliers...

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La contrebasse de Richard Myron © Muse Baroque, 2011

 

Le voyage d'un Italien en pays celte : Francesco Geminiani

 

Giovanni Battista Bononcini 

Sonate en la mineur

 

Joseph Ferdinand Dall’abaco

Caprice

 

Francesco Geminiani

Sonate en ré mineur, tendrement, songs, air made into sonatas for violins and bass

 

James Oswald

Songs

 

Bruno Cocset, alto, ténor de violon & violoncelle

Richard Myron, contrebasse

Maude Gratton, clavecin

 

Samedi 27 août, Église de Colmesnil-Manneville (76)

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"La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir." (Leonard de Vinci)

Bruno Cocset a été le musicien le plus présent du festival, faisant le voyage d'un violoncelliste en Normandie. Des pièces anglaises pour viole & basse puis des Fantaisies pour cordes purcelliennes de la veille à ce programme original autour de la figure de Geminiani, sans même compter son exposé sur l'histoire du violoncelle, le musicien promène son archet souriant et passionné, n'hésitant pas à recourir à des expérimentations sonores grâce aux instruments conçus sur mesure pour ses projets. Grâce au pérégrinations étonnantes de Geminiani des salons londoniens aux brumes de l'Hibernie, entre pubs et palais, de la taverne aux salons, Bruno Cocset et ses compagnons ont livré un parcours rêveur et contrasté, généreux et sans autre prétention qu'une musicalité colorée et épanouie.

La Sonate en la mineur de Bononcini s'ouvre avec fluidité et douceur, enveloppant l'église à l'excellente acoustique des timbres grainés des cordes de Bruno Cocset et Richard Myron relevés par l'harmonie cristalline du clavecin de Maude Gratton un brin austère. Le jeu de Bruno Cocset laisse voir son habituelle virtuosité discrète, son refus de la facilité mélodique, articulant son discours avec naturel, insistant sur les harmoniques, n'hésitant pas, au gré de sa respiration et de son instinct expressif à fragmenter la mélodie ou à la recomposer par un phrasé audacieux. Le second mouvement s'avère plus joueur, le dernier réminiscent de l'élégance de Jean-Marie Leclair.

 

Détail d'un retable anonyme de l'église © Muse Baroque, 2011

 

Les deux Caprices n°1 et 4 de Dall'abaco font partie de ses onze pièces inachevées pour violoncelle seul et ont sans nul doute constitué le point fort de ce voyage. Les délices arpégés du Caprice n°1, la répétition obstinée et mélancolique du thème, l'archet mouvant, vif et insaisissable de Bruno Cocset en font un moment de musicalité privilégié, surpassé par le Caprice n°4 tendre et élégiaque, complexe et sinueux, au tempo plus lent, aux doubles cordes frémissantes, caresse chancelante d'une souffle d'automne. L'humanité du langage, la respiration du musicien qui se mêle à celle de son instrument, ricochant sur les stalles XVIIe et la coque du navire naufragé qui flotte sur nos têtes plongent l'assistance dans un fascination léthargique, état second où les repères se brouillent et où l'esprit chemine sur le crin d'un archet, ballotté au gré des tirés / poussés jusqu'au soupir final en une lente agonie.

Après cette traversée de nuages, la Sonate en ré mineur de Geminiani charme par sa ravissante simplicité mélodique, avec l'aide complice de Richard Myron qui jubile, de Maude Gratton attentive à structurer le rythme, et à donner du dynamisme à l'ensemble quoique parfois un peu raide, tandis que Cocset se saisit d'un ténor de violon. Les airs irlandais "made into sonatas" concilient l'art raffiné et mondain des sonates italiennes à la rusticité engageante des accents irlandais (avec un "O Betty belle" spontané et réjouissant), qu'on retrouve sous une forme plus traditionnelle sous la plume de James Oswald, auteur de Collection of curious Scots Tunes. Si "The Banks of Sligo" se révèle agréable mais conventionnel, "Boni Christi" fortement teinté de musique populaire et aux accents suspects achève de jeter un pont entre la chapelle et le bistrot chaleureux qui dissipe la grisaille environnante.

Viet-Linh Nguyen

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Vers les autres chroniques d'Arques

 

 

 

 

 

24-27 août 2011 : Festival d'Arques-la-Bataille (Haute-Normandie) organisé par l'Académie Bach

 

Le site officiel du Festival : www.academie-bach.fr (programme, réservations...)

 

 

 

 

 

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