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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert "Carte blanche à l'Arpeggiatta"
Christina Pluhar D.R.
"Carte blanche à l’Arpeggiata"
Claudio Monteverdi Toccata, "Amor, amor" (Lamento della Ninfa), "Damigella Tutta Bella", Sinfonie & Moresca
Giovanni Felice Sances "Usurpator Tiranno" (Cantada sopra la Passacaglia)
Anonyme Ciaconna del Paradiso e Inferno
Lucas Ruiz De Ribayaz Miniature Espagnole (jacaras – arrangement de Christina Pluhar)
Marcello Vitale Tarantella a Maria di Nardo
Nicola Mattei La Dia Spagnola (arrangement de Christina Pluhar)
Traditionnel du Mexique : El Guapo Traditionnel du Paraguay : Isla Sacá (Polka) Traditionnel du Venezuela : Caballo Viejo, Alma Llanera (Joropo )
Ariel Ramirez / Quito Gato Alfonsina y el Mar
Gianluigi Trovesi Turluru
Deborah Henson-Conant Muchos Manos
Gianluigi Trovesi Animali in Marcia
Deborah Henson-Conant "I wanna play the Blues"
Luciana Mancini (mezzo-soprano), Jan Van Elsacker (ténor), Esteban Manzano (ténor), Joao Fernandes (basse), Lucilla Galeazzi (chant)
Gianluigi Trovesi (clarinette), Deborah Henson-Conant (harpe électrique & chant), Quito Gato (guitare & guitare baroque), Lincoln M. Almada Perez (harpe, paraguayen & cajòn), Anna Dego (teatrodanza), Petrouchka & Arman Vossougui (danse - compagnie Lezards Croises)
Marcello Vitale (guitare & chitarra battente), Eero Palviainen (luth & guitare), Margit Übellacker (psaltérion), Doron Sherwin (cornet), Raul Orellana (violon & charango), Richard Myron (contrebasse), Haru Kitamika (clavecin), David Mayoral (percussions), Michèle Claude (percussions) Christina Pluhar (théorbe & direction) 12 février 2009, Salle Gaveau, Paris
De l'électricité dans l'air…
Alors que leur nouvel enregistrement d'un Monteverdi "jazzy" paraît chez Virgin (critique à venir sur nos pages), l'Arpeggiatta et leurs invités usaient avec générosité de la carte blanche qui leur avait été imprudemment accordée, balayant d'un souffle rieur et décomplexé les barrières subsistant entre musique baroque, musique du monde et jazz. Et paradoxalement, c'est dans la réécriture trop osée des œuvres du XVIIème siècle que l'Arpeggiatta se révèle la moins convaincante, alors que les mélanges de styles latino et jazzy ont été d'une inventivité jouissive. Les puristes seront décontenancés par l'approche iconoclaste de Christina Pluhar, ébahis par cette Toccata de l'Orfeo swingante, réorchestrée pour un noyau de cordes pincées et de percussions sur lequel le suave cornet à bouquin de Doron Sherwin improvise ses diminutions. La faute aussi aux solistes, qui, mis à part Joao Fernandes, proviennent d'horizons très divers et conservent leurs styles de chant bien loin du recitar cantando. Il en résulte "Amor, Amor" (Lamento Della Ninfa), et un "Damigella Tutta Bella" dégingandés, aux accents de chant populaire rocailleux, au souffle court où le monde de la bergerie madrigalesque perd de son élégante sophistication pour rejoindre l'animation d'un marché local. Seule la Ciaconna Del Paradiso E Inferno et son entêtante basse obstinée ont tiré leur épingle baroque du jeu, grâce à un continuo rythmé et poétique. Et là devrait s'arrêter notre critique, car à l'instar de ces pancartes "You are leaving the American sector" qui parsemaient le Berlin d'après-guerre, le reste du programme, débordant de vitalité, relève d'un répertoire presque "exotique" pour nos oreilles. Mais ce serait se priver de la meilleure partie de cette carte blanche, un café nommé plaisir. Ceux qui possèdent déjà le CD "Los impossibles" paru voici 3 ans chez Naïve n'auront pas été surpris par la suite de la soirée, où Christina Pluhar jette des ponts suspendus entre musique ancienne et folklore populaire, entre musique de cour et musique du monde, faisant fi des cloisons sociales, temporelles et spatiales. Et l'on se laisse aisément emporter par la souplesse frétillante des artistes, le bouillonnement rythmé des percussions exotiques, le mélange de couleurs résultant des guitares, luths et théorbes côtoyant de modernes nouveaux-venus, jusqu'au solo survolté de harpe électrique bleu fluo de Deborah Henson-Conant qui crève la scène. Dans le désordre et la bonne humeur, on s'esclaffe du "Turluru" guttural de Lucilla Galeazzi, de la bonhomie chantante de la clarinette du compositeur-interprète Gianluigi Trovesi, de la complicité simple et joyeuse, un peu saltimbanque de l'Arpegiatta et ses amis. On sourit lorsque Doron Sherwin revêt ses lunettes de soleil pour un solo de cornet à bouquin-saxophone, on admire la grâce du duel au fleuret stylisé par le couple Vossougui, on s'étonne des convulsions d'Anna Dego dont le corps soumis à quelque diabolique influence se contorsionne jusqu'à l'ivresse frénétique. La salle reprend les refrains, bat dans les mains, oublie un moment la morne banalité du soir. Et deux heures plus tard sans entracte, après deux bis survoltés, le public rechigne toujours à quitter cet univers optimiste, virtuose et joueur. Nous aussi.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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