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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
Festival d'Ambronay 2011
Vendredi 30 septembre
Cloître d'Ambronay © Muse Baroque, 2010
Nicole Corti à Ambronay © Bertrand Pichène
Johann Sebastian Bach
La Passion selon Saint-Mathieu
Evangeliste – Christophe Einhorn – ténor Jésus – Pierre-Yves Pruvot – basse Pilate & Judas – Paul-Henry Vila – basse
Hjördis Thébault – soprano Jean-Michel Fumas – alto Jean-François Lombard - ténor Jean-Baptiste Dumora – basse
Choeur Britten Chœur Amateur, Chœur d'enfants
Ensemble Unisoni Direction Nicole Corti
30 septembre 2011 – Abbatiale – 20h30 Issue d'un projet établi avec plusieurs conservatoires et des collèges de la région d'Ambronay, ainsi que d'un chœur d'amateurs, le projet de l'hiératique et monumentale Mathäuspassion de Bach était un défi de taille à relever. Bien que le programme fut ambitieux en tous points la réalisation a rempli l'abbatiale avec un enthousiasme hors pair. Le public était un impatient et bouillonnant océan d'amour maternel et de fierté magistériale. Et la scène était déjà débordante de l'ensemble Unisoni, du Chœur Britten et des enfants du chœur amateur des collèges et le chœur adulte amateur. Les solistes arrivèrent tels des perles nouvelles à la parure musicale de l'abbatiale, accompagnés d'une Nicole Corti au sourire enthousiaste et volontaire. Et sa main se leva et la musique fut, le drame commença et ce ne fut pas simplement le récit dramatique de la passion du Christ ni une sorte de litanie luthérienne de psaumes et de préceptes péremptoires et ennuyeux mais une couleur nouvelle, une nuance particulière, un discours insoupçonné sous les ornements et les voiles du romantisme. Nicole Corti a insufflé à la Passion selon Saint-Mathieu ce dramatisme opératique qui a sans doute provoqué la réaction épidermique de la spectatrice de la reprise de 1729, citée par Gilles Cantagrel dans son commentaire liminaire au programme du concert :”Protège tes enfants, Seigneur! C'est comme si on était dans un opéra ...” Et pourtant c'est la force théâtrale de la Passion qui, insufflée par Nicole Corti, sublime la partition et la rend brillante de mille affects. Outre la participation des chœurs qui sont d'une homogénéité remarquable, notamment le chœur d'enfants qui se fond tout à fait dans la partition. Le Chœur Britten, expressif et mobile, sans les éternels poncifs de hiératisme et rigidité, chante sans entrave, avec le plus de naturel possible. Le chœur d'amateurs se fond avec aisance dans les files du Chœur Britten jusqu'au mimétisme absolu. Les solistes de très haute volée participent à la construction pharaonique de ce drame christique, que ce soit le soprano puissant et orné de Hjördis Thébault, la composition histrionique de Christophe Einhorn en Evangéliste mémorable, le Jésus serein de Pierre-Yves Pruvot, l'éclat de la voix précise et délicate de Jean-François Lombard. Mais le summum des moments musicaux furent le duo avec chœur “So ist mein Jesus nun gefangen” avec Hjördis Thébault déchirante et un Jean-Michel Fumas extraordinaire. Ce dernier nous émouvra jusqu'aux larmes avec son “Ach! Nun ist mein Jesus hin!” et le célèbre “Erbarme dich”, une voix d'alto délicate et posée comme il y en a peu. Et que dire de Jean-Baptiste Dumora dans l'air “Gebt mir meinen Jesum wieder” qui est un des plus beaux airs de Bach ! Mis à part quelques problèmes de justesse, notamment dans les cordes et une légère désorientation par rapport aux indications de Nicole Corti, l'ensemble Unisoni s'en sort avec éclat de cette belle Passion, conçue tel un opéra par une Nicole Corti avertie, aux gestes précis et équilibrés, avec une sensibilité à fleur de peau qui rend cette collaboration avec les amateurs comme une grande œuvre qui se finalise dans un édifice collectif à la maîtrise unique. Et encore une fois, les pas s'éloignent par le cloître de l'antique abbatiale aux ombres spectrales et à la pierre blanche, le soleil s'est couché depuis longtemps, mais le thermomètre est doux comme au cœur du mois d'août.
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