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6 janvier 2014

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Chronique Concert

"L’Âge d’or espagnol"

Chœur de chambre de Namur, dir. Peter Phillips

 

 

L'Escorial, immense palais-monastère bâti par Philippe II © Muse Baroque, 2011

 

"L’Âge d’or espagnol"

 

Sebastian de Vivanco (c. 1551-1622)

Magnificat

 

Alonso Lobo (1555-1617)

Versa est in luctum - Ave Maria

 

Tomás Luis de Victoria (c. 1548-1611)

Salve Regina - Requiem

 

Francisco Guerrero (c. 1528-1599)

Hei mihi domine - Usquequo, domine - Regina caeli lætare

 

 Chœur de Chambre de Namur :

Armelle Cardot, Amélie Renglet, Lieve Van Lancker, Caroline Weynants (sopranos)

 Laurence Renson, Vinciane Soille, Jean Christophe Clair, Jean-Yves Guerry (altos et contre-ténors)

 Olivier Berten, Peter de Laurentiis, Philippe Froeliger, Thierry Lequenne (ténors)

Anicet Castel, Hubert Dény, Jean-Marie Marchal, Grantley Mc Donald (basses)

 

Direction Peter Phillips

 

Jeudi 7 avril 2011, à l’Oratoire du Louvre, Paris (Philippe Maillard productions)

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Lux ærterna luceat eis

Spécialiste émérite et justement reconnu des musiques de la Renaissance, le chef de chœur Peter Phillips nous conviait ce soir à une immersion revigorante dans les polyphonies du XVIe siècle espagnol. Si l’influence du grand Palestrina se fait sentir à travers les différents motets, chaque compositeur propose ses propres « déviances » aux canons de la polyphonie ; jeux sur des rythmes, sur de surprenantes dissonances (Guerrero notamment), ou tout simplement sur l’entrelacement des voix.

Et le Chœur de chambre de Namur de restituer avec une clarté admirable ces constructions pourtant complexes qui risquent toujours de devenir confuses et monotones si l’on ne les habite pas à chaque instant. L’ensemble instaure dès son arrivée une atmosphère sereine, à l’image du tactus ample et imperturbable qui animera chacune des pièces. Peu à peu, ce doux balancement nous saisi de l’intérieur et se substitue au rythme heurté et étourdissant qui caractérise malgré lui la vie du parisien. La respiration se fait plus lente, plus profonde, plus apaisante. Le Chœur de chambre de Namur ouvre les portes d’une nouvelle temporalité où tout est plus grand, plus généreux, plus imposant ; les arabesques lumineuses qu’il déploie nous font goûter à un véritable bien-être. Il a su s’appuyer sur les qualités acoustiques de l’Oratoire du Louvre, alliant à la précision des attaques et des fins de phrases une belle résonnance qui nimbe les voix d’une sorte d’auréole légère. Dans cette ambiance éthérée, chaque chanteur accorde un soin particulier à la restitution d’une prononciation précise et intelligible. L’auditeur peut ainsi saisir pleinement le sens des mots, renforcé par les dynamiques musicales que le Chœur conduit avec un grand naturel. Construits très progressivement, les phrasés connaissent des climax éclatants et retournent avec douceur au silence d’où ils sont nés. Le poids et beauté de ce silence sont particulièrement sensibles dans le Requiem de Tomás Luis de Victoria, œuvre majestueuse qui inspire un profond état de méditation. Bien que longuement développée par le compositeur, cette messe pour les défunts fut un moment particulièrement intense et sans aucune longueur. Les chanteurs surent en rehausser toutes les couleurs et lui donner un relief saisissant. Nombreuses furent les phrases en unisson qui attestèrent de  la grande homogénéité du chœur et de l’écoute mutuelle qui régnait alors en son sein. Fasciné par une telle symbiose, enlevé dans la résonance de ces chants paisibles mais pourtant si expressifs, l’auditeur s’abandonne pour savourer ces instants d’éternité.

Espérons que l’avenir permettra au Chœur de Chambre de Namur de porter à la lumière d’autres œuvres méconnues, afin qu’il puisse nous faire goûter à de semblables moments de grâce et révéler la grande puissance émotionnelle et spirituelle des polyphonies de la Renaissance.

Isaure d'Audeville

Site officiel des Productions Philippe Maillard : www.philippemaillardproductions.fr

 

 

 

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