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mise à jour 2 janvier 2014
| Chronique Film "Autopsie d'un tableau" : Bruegel, le Moulin & la Croix
D.R.
Bruegel, le Moulin & la Croix
Film polono-suédois de Lech Majewski avec Rutger Hauer, Charlotte Rampling, Michael York (1h31 - 2011) Ut pictura... Qui n’a jamais rêvé de passer de l’autre côté d’une toile à force de la contempler ? De s’extraire de l’atmosphère feutrée des musées pour retrouver la vie, la violence et la passion qui frémissent sous le pinceau d’un artiste depuis longtemps poussière ? C’est à plus qu’une promenade dans un chef-d’œuvre majeur de Bruegel l’Ancien que nous invite Lech Majewski, qui multiplie les mises en abîme dans ce long-métrage inspiré par l’ouvrage de l’historien de l’art Gibson le Moulin et la Croix autour de ce Portement de Croix novateur, où la scène de la Passion, quoique centrale, se voit reléguée au second plan d’une immense composition où grouillent près de 500 personnages et autant de saynètes. Cette grande toile (124 x 170 cm) de 1564 n’est cependant pas, contrairement à ce qu’on lit trop souvent, la première du genre. Ainsi, un maître anonyme dit le Monogrammiste de Brunswick nous a livré une Montée au Calvaire conservée au Louvre, qui préfigure clairement le Portement bruegelien. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre long-métrage. Il est parfois des films qui sortent des sentiers battus de la narratologie pour proposer au spectateur une expérience inédite, une nouvelle façon d’aborder la traditionnelle séance de cinéma. Bruegel, le moulin et la croix est l'un de ces paris-là, qui ose, au risque d’en dérouter certains, nous faire entrer dans un tableau, troublant avec habileté les frontières entre image fixe et image mobile. Le tableau de Bruegel l’Ancien, Le Portement de Croix, l’une des nombreuses œuvres du peintre du Brabant que compte le Kunsthistorische Museum de Vienne, est comme la plupart des œuvres du peintre riche en personnages, mais repose également sur une composition fort complexe dont le film va jouer, exploitant les déplacements spatiaux dans l’œuvre comme une progressive révélation du sens profond du message du peintre, passant ainsi de l’expérience purement esthétique à une interprétation stimulante.
D.R.
D.R.
Seules réserves : quelques armes blanches maladroites ou anachroniques (garde du sabre du cavalier en laiton et aux branches XIXe, fers de hallebardes mal découpés...), certaines voix off d’un ton parfois trop didactique ou monocorde, telles celles de la Vierge ou d'un Bruegel très "documentaire Arte" griffonnant sur ces croquis, nous ont semblé nuire à la fluidité d'un voyage passionnant qui peut être apprécié de diverses manières, de la jouissance visuelle à un parcours initiatique, de la forme vers le sens d’un tableau que la dernière scène, par un long travelling arrière, replace, comme pour briser l’illusion, dans la salle du musée de Vienne, parmi d’autres œuvres qui attendent leur tour…
Bruegel l'Ancien, Le Portement de Croix © Kunsthistorische Museum, Vienne
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