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2 janvier 2014

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LA TRIBUNE BAROQUE

Mars 2011

 

 

Andrea Verrocchio (1435-1488), statue équestre de Bartolomeo Colleoni, capitaine-général de Venise

© Muse Baroque, 2010

 

Chaque mois, sous l'égide de notre rédactrice Hélène Toulhoat, la Muse vous propose un parcours baroque à travers les arts extra-musicaux, de l'architecture à la sculpture, de la peinture à la poésie, laissez-vous emporter dans la flânerie du songe d'une nuit d'été.

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Exposition : Coup de cœur pour... le cardinal

Richelieu à Richelieu
Du 12 mars 2011 au 13 juin 2011

Musée des Beaux-arts
Place Sainte Croix - 45000 Orléans

 

"Monsieur, lui dit le cardinal, êtes-vous un d’Artagnan du Béarn ?

Oui, Monseigneur, répondit le jeune homme." (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires)


Les musées des Beaux-Arts d'Orléans et de Tours, et le musée municipal de Richelieu se sont associés pour présenter une exposition consacrée principalement aux décors et collections du cardinal de Richelieu (1585-1642), acquis et commandés pour l'ornement de son château familial à Richelieu en Touraine.

Richelieu, l'un des plus grands collectionneurs de son temps, fit bâtir ou réaménager de nombreux châteaux : le Palais-Cardinal, Limours, Rueil, Saujon et Richelieu, le plus important de tous. Le manoir familial était une construction relativement modeste qu'il souhaita néanmoins conserver. Il ordonna à son architecte, Jacques Lemercier, d'englober le bâtiment ancien dans un vaste palais qui, achevé, fut considéré comme l'un des plus beaux d'Europe. Sa destruction presque totale au 19e siècle ne laissa subsister que d'infimes vestiges. Dans ce château qu'il ne vit jamais achevé, Richelieu eut soin de rassembler les chefs-d'oeuvre de sa collection de peintures et de sculptures, l'une des plus importantes de l'époque.

Le musée des Beaux-Arts de Tours réunit les peintures, tapisseries, sculptures, objets d'art et mobilier afin de reconstituer l'architecture intérieure du château et tout particulièrement son décor ; quant au musée des Beaux-Arts d'Orléans, le parcours s'attache à présenter l'histoire et l'architecture du château commandé par le cardinal de Richelieu.

Grâce aux prêts obtenus auprès des grandes institutions françaises et européennes (Musée du Louvre, Musée du château de Versailles, Bibliothèque nationale, Archives nationales de France, divers musées de France, British Museum, National Gallery, etc.), ainsi que des collections particulières, l'exposition rassemble exceptionnellement plus d'une centaine de pièces, chefs-d'oeuvre de la sculpture et de la peinture, archives et documents évoquant les différents aspects de la construction du monument, son heure de gloire et la dispersion de ses collections.

La projection en continu d'un film 3D propose une reconstitution de l'architecture extérieure du château.

Site officiel des Musées de la région Centre : http://www.musees.regioncentre.fr/Actualite/richelieu_ichelieu-2235.html?navID=&lang=&preprod=&idcat=B&idactualite=2235&mois=&iddateactualite=3543

H.T.

 

Lecture (1) : Coup de cœur pour… la Veuve Scarron

Françoise Chandernagor

L’Allée du Roi – Souvenirs de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, épouse du roi de France

(nombreuses éditions Juillard ou Gallimard)



Certes, il ne s’agit pas d’une biographie ou d’un ouvrage d’historien sur la vie Madame de Maintenon. Mais c’est plus que ce que l’on pourrait appeler une biographie romancée. En effet, le travail de Françoise Chandernagor est sous-tendu par une érudition vaste et détaillée en ce qui concerne l’histoire politique, économique, sociale et culturelle de la période couverte (sa bibliographie indicative en fait foi), mais également par une connaissance très aiguë et très fine de l’âme même de celle qui devient l’épouse morganatique de Louis XIV, grâce notamment à une familiarité très intime avec l’impressionnant corpus de correspondance émanant de la Marquise.

La plume alerte et précise de Françoise Chandernagor fait surgir le décor de l’enfance provinciale et miséreuse de la future "Première Dame de France", l’atmosphère libertine et frondeuse du salon littéraire de Paul Scarron, les ors et la pourpre de la Cour rongée par les luttes sournoises des courtisans et dominée par les royales maîtresses ; nous suivons Madame de Maintenon au gré de ses bonnes ou mauvaises fortunes, de ses semi-disgrâces à sa "faveur ", des femmes et des hommes qu’elle côtoya, de Ninon de Lenclos aux petits bâtards royaux, de Louis de Villarceaux aux fillettes de Saint-Cyr...

Quelques extrait afin de vous convaincre de la vivacité de l’écriture et du degré de précision des tableaux :

"Grâce à l’amitié que [Madame d’Albret] prit pour moi, je pus pénétrer bientôt dans les meilleures maisons du Marais et être admise dans le cercle des femmes vertueuses et bien nées, que je n’avais jusqu’alors guère eu l’occasion l’approcher à « l’hôtel de l’Impécuniosité » ou chez Ninon." (p.139)

"L’usage immodéré des liqueurs aidait aussi à faire passer les journées d’une jeunesse qui ne trouvait rien qui contentât son désir insatiable de plaisir. Des duchesses des quinze ans trouvaient plaisant de se réunir dans les entresols pour s’abrutir de vins et de liqueurs en compagnie de leurs laquais..." (p.379)

"Le lendemain, la duchesse du Maine, que je ne voyais jamais, envahit ma chambre sur le prétexte de me remercier, au nom de ses enfants, pour l’édit de Juillet. Piquante, brouillonne, agitée, la minuscule « Dona Salpetria », comme on la nommait, remplissait tout l’espace à elle seule." (p.608)

 

 

 

L'Allée du Roi, réalisation N. Campaneez, DVD France 2 © France Télévisions

 

Ce brillant ouvrage a fait l’objet d’une adaptation cinématographique de grande qualité, par la réalisatrice Nina Companeez (téléfilm en deux parties de 1995). Le duo Dominique Blanc – Françoise d’Aubigné & Didier Sandre – Louis XIV est servie par des dialogues efficaces, une mise en scène soignée, des décors magnifiques (certaines scènes ont été tournées au château d’Ambleville), et d’autres acteurs tout aussi excellents (extraordinaire Valentine Varela en volcanique Madame de Montespan...).

H.T.

 

Lecture (2) : Coup de cœur pour… le peintre assassin

 

Rosella Vodret

Caravage, l'œuvre complet

Silvana Editioriale, 2010

 

En juillet dernier, le grand public a vu surgir de l'ombre le nom de Rosella Vodret, de la Direction des Musées italiens (plus précisément, l'experte est Surintendante spéciale pour la Patrimoine historique, artistique et ethno-anthropologique et pour le Pôle muséal de la Ville de Rome), lors de l'Affaire du Martyre de Saint-Laurent exposé à l'église du Gesu et que certains espéraient de la main du Caravage. Hélas, les faiblesses de la composition, notamment au niveau des mains du Saint et des bourreaux, ont permis à trois experts, dont R. Vodret, d'écarter cette hypothèse.

 

 

Le Martyre de Saint-Laurent, œuvre d'un suiveur du Caravage, avec Rosella Vodret au premier plan © Reuters

 

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à cette monographie toute récente et qui vient rejoindre une bibliographie déjà bien emplie avec des ouvrages de qualité tels le monumental tribut de Taschen dû à la plume de Sebastian Schütze si lourd que ce 29 x 39,5 cm est livré dans un coffret... avec poignée (Taschen, 2009), ou encore l'excellent ouvrage de Sybille Ebert-Schifferer (Hazan, 2009). Si ce livre-ci n'atteint pas le luxe des deux précédents, son format agréable (24 x 28 cm) presque carré, de même que la qualité des reproductions pleine page en particulier au regard de la colorimétrie n'appellent que des éloges.

 

En outre, après une courte mais dense synthèse biographique de la vie de ce peintre soi-disant maudit mais qui bénéficia de puissants protecteurs (pp. 7 à 35), l'ouvrage se lit comme une étude raisonnée de chaque tableau, un commentaire historique et pictural fouillé des 64 œuvres retenues comme étant indiscutablement de la main du Maître (toutes les copies et œuvres à l'attribution controversée ont été écartées). Rosella Vodret résume ainsi, à la manière d'une notice agréable de catalogue d'exposition, les pérégrinations des œuvres depuis le XVIIème siècle, avant de fournir des explications sur les scènes représentées, les lignes de la composition, la symbolique ou le style. De très nombreux renvois sont faits à des monographies particulières - qu'on retrouve dans la bibliographie fournie - et l'auteur n'hésite pas à présenter tour à tour les différentes lectures possibles d'une œuvre (par exemple la Corbeille de fruit qui est vue comme un memento mori par Fagiolo Dell'Arco, ou Marini qui y voit une vanité à l'inverse de Calvisi qui insiste sur une signification christologique liée à la présence de la poire), ou à se concentrer sur des détails passionnants comme les différences entre les deux versions du Joueur de luth (Saint-Pétersbourg vs New York) et où Vodret n'hésite pas à préciser que la facture du violon représenté dans le tableau de l'Hermitage ressemble à un Amati, alors celui du Met' appartient à un type archaïque d'Europe du Nord...

 

Voilà donc une remarquable synthèse, d'une lecture aisée, et qui fourmille de pistes d'approfondissement, à la manière d'une invitation à percer plus avant la magie de cette obscure clarté, de cette humanité flamboyante, de cette violence lyrique tant copiée. On regrettera seulement la concision de l'ensemble, et de nombreux aspects qui n'ont pas trouvé leur place dans un ouvrage qui ne prétend pas à l'homogénéité : étapes de la vie du Caravage effleurées, influences croisées quasi absentes de même qu'une étude sur les châssis et les pigments employés, etc.

V.L.N

 

Des étoiles dans la toile

http://www.nga.gov/exhibitions/2000/baroque/intro1.shtm

Un site en anglais, à l’interface sobre, sans circonvolution aucune (pas très baroque, donc), et qui résume en seulement 8 courtes pages un siècle et demi d’architecture baroque. De quoi ouvrir l’appétit, et donner envie d’approfondir les recherches.

 

http://17emesiecle.free.fr/index.php

Un site consacré au XVII°siècle, du côté des salons, de la vie intellectuelle, culturelle et mondaine. On apprécie particulièrement la reproduction intégrale de contes écrits à cette époque, par exemple ceux de Madame Leprince de Beaumont ou de Madame d’Aulnoy.

Une présentation qui gagnerait cependant à être remasterisée (la police blanche sur fond noir, pas terrible) et surtout complétée.

H.T.

 

Anciennes Tribunes

La Tribune de Janvier 2011

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

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