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mise à jour 6 janvier 2014
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Nouveau Look Baroque
© Muse Baroque Vous aussi, il vous arrive de décrocher de Mezzo et de zapper malencontreusement sur certaines chaînes hertziennes où pavanent les émissions de télé-réalité ? Toute ressemblance avec un programme existant de début de soirée ne serait que pure et fortuite coïncidence. Nouveau Look Baroque pour une nouvelle vie Avec l'aide de spécialistes de la musique et de la beauté, cinq personnes ont accepté de changer de look pour commencer une nouvelle vie. Natacha est surnommée "Wagner" par ses proches. C'est dire à quel point elle manque de contrepoint et de basse continue. Pourtant, aujourd'hui elle veut s'essayer au clavecin et assumer pleinement sa féminité. Jérôme, cadre supérieur, souffre d'un tel manque de goût que cela le handicape dans son travail. Changer de musique signifie pour lui gagner en crédibilité. Anne a une silhouette de rêve mais elle est terriblement complexée par les da capos. Léa fait un siècle de plus que son époque, mais elle découvre qu'il suffit d'un minimum d'instruments originaux pour se rajeunir. Amélie a perdu tous ses contrats depuis qu'elle est passée à la viole de gambe. Elle doit maintenant apprendre à connaître son nouvel instrument.. Résumé de l'émission pilote NATACHA Je me sentais si mal dans ma peau. Le matin, je me levais péniblement, les membres endoloris. J'allumais d'un air défait ma chaîne hi-fi fabriquée en Corée qui grésille, et je m'aspergeais la tête d'eau glacée en écoutant du Scriabine. Lorsque je sors de chez moi avec un gros pull trois tailles au dessus, personne ne me regarde. A la maison, entre le portrait de Guillaume II en tenue de parade et le papier peint de Tante Hortense, j'oublie ma misérable Existenz au piano. Ce vieux Steinway déglingué n'a pas été accordé depuis 1942, date à laquelle un officier allemand mélomane de la XXIème Panzerdivision interpréta quelques airs bavarois lors d'un dîner mondain. J'y joue des transcriptions amateur de Lohengrin et Tannhäuser à longueur de journée. Mais aujourd'hui, tout va changer. Je l'ai décidé. J'en ai marre que personne ne respecte cette soupe musicale dégoulinante réduite au poum poum des Walkyries. Je veux être bien dans ma vie, sentir la sympathie des autres autour de moi. Alors j'ai adressé ma candidature à New Barock Look, pour une nouvelle vie. 12 novembre. Les Français ne pensent qu'à la grève, les anglo-saxons enlèvent leurs coqueliquots ou autres fleurettes destinées à commémorer le massacre glorieux de 14-18. Je me rends au siège de Muse Barock TV, un grand bâtiment de verre à la Défense sur lequel figure une Madame de Montespan dénudée coloriée façon Andy Warhol. Dans le métro, un beau brun qui lit "Grand Motet Magazine" évite mon regard. Sur la couverture du luxueux mensuel, le sommaire propose un test exclusif : "Etes-vous plutôt grand chœur ou soliste ?", suivi de conseils beauté "comment poudrer sa perruque en restant naturel". Je me dis que je n'aurais jamais osé acheter la revue. Par timidité je suppose. Une fois, dans ma jeunesse, je me suis faufilé au kiosque le plus près de chez moi, avec des envies coupables. J'ai demandé "Goldberg", le trimestriel à diffusion restreinte avec les photos sur papier glacé. "Pardon, vous pouvez parler plus fort ?" a répliqué le vendeur. Il y avait du monde autour. J'ai craqué. Je suis ressortie avec "Jazzmag'" et "le Monde diplomatique" sous le bras. A l'intérieur du hall, un type en rouge fluo, habillé en garde suisse, me barre le passage.
A suivre...
Natacha parviendra t-elle à franchir le cap pour revenir en deçà de 1750 ? Quelle image dégage t-elle en ce moment pour les mélomanes qui la croisent ? Son ami acceptera t-il sa métamorphose baroque ? Vous le saurez très bientôt après une page de publicité.
Je monte laborieusement l'escalier décoré d'hologrammes en 3D de Lully, Haendel, et pleins de bonshommes en perruques. De temps à autres, des jets d'eau barrent le passage avec des bruitages d'oiseaux, rendant le marbre encore plus glissant. Au troisième étage, je suis épuisée. Il faut dire qu'avec des hauteurs de plafond digne d'un aéroport, chaque étage peut contenir une maquette du Chrysler Building à l'échelle 1,5. Je reprends mon ascension en m'agrippant à toutes les moulures possibles - j'ai frémis lorsque j'ai failli décapiter un type avec une grosse fraise : le stuc, ça ne vaut rien ! Je n'en peux plus, je n'en suis qu'au 7ème ciel. Ma tentative de maquillage au feutre pour transparent, celui-là même qui me sert au bureau, est en train de virer au désastre, ravageant mon visage rougi par l'effort. J'enlève mon chignon et mon pull, en me demandant si la musique baroque accroît les performances sportives à ce point. Je me demande ce que je fais chez MB TV au lieu de repeindre ma cuisine au Wagner 660, le pistolet de peinture ultime.
Connaissez-vous Mathilde Wesendonck ? L'amour impossible, a priori-platonique de Wagner, la femme de son admirateur Otto von Weisedonck, l'inspiratrice des Lieder "Traüme" et "Im Treibhaus" ? Non, naturellement. Et bien, elle n'aurait jamais accepté de gravir ce précipice, elle. Et tout cela ne me dit pas comment atteindre le XVème étage.
Soudain, un cliquetis se fait entendre, et le garde suisse en justaucorps fluo refait apparition, la hallebarde-laser en moins :
A suivre...
Natacha parviendra t-elle à refréner ses pulsions homicides de Cavalière de la Garde ? La Garde Suisse est-elle encore ce qu'elle était ? Que découvrira Natacha en haut de l'ascenseur de verre ?
Vous le saurez très bientôt après une page de publicité.
V.L.N.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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