Anecdotes
Daphnée de Lully.
Vous ne connaissez pas cette tragédie lyrique du célèbre Florentin ? Et
pour cause ! En 1674, La Fontaine se mit à en rédiger le livret mais se
brouilla bientôt avec le surintendant (voir
les
institutions musicales versaillaises) et l'entreprise tomba à l'eau.
Pernucio, un compositeur inconnu ? François Couperin publia ses premières sonates dans le style italien en
prétendant jouer les oeuvres d'un certain Pernucio, c'est-à-dire un
anagramme de son nom. " Je feignis qu'un parent que j'ay,
effectivement, auprès du Roy de Sardaigne, m'avoit envoyé une Sonade (sic)
d'un nouvel auteur italien : je rangeai les lettres de mon nom de façon que
cela forma un nom italien, que je mis à la place " . Extrait de la
Préface de l'édition des Nations, Paris, 1726.
Che farai, misero core ? Un italien en visite à Paris dans la première moitié du XVIIIème
siècle se leva au beau milieu de la représentation d'une tragédie lyrique
à l'Académie Royale de Musique afin de demander
quand le premier air commencerait. Il n'était évidemment pas familiarisé
avec le principe de la " tragédie mise en musique " où les
récitatifs, les récitatifs mesurés, les ariettes et les danses
co-existent sans la rigide division du récitativo secco / aria da capo de
l'opera seria sorti du napolitain d'un certain Alessandro Scarlatti qui en
fixa définitivement la forme.
A propos de Jean-Chrétien Bach...
"[1776]
... Je relaterai ici une anecdote concernant les extraordinaires talents de
Bach à son zenith : (...) les mercredis Abel [célèbre joueur de viole de
gambe] venait dîner en tête-à-tête et s'entretenir des créations du
lendemain. En effet, il avait été convenu par eux qu'ils présenteraient
aux leçons du jeudi chaque fois un nouveau morceau soit une de leur
composition, soit un arrangement. A une occasion, Bach oublia totalement que
c'était son tour, aussi, après le dîner s'assit-il et écrivit le premier
mouvement enchanteur d'un quintette avec trois bémols à la clef. Il manda
deux copistes, qui recopièrent la partition par dessus son épaule, pendant
qu'il composait la mélodie. Ce quintette est compté parmi l'une de ses
meilleures compositions, et la mélodie en est doucement apaisante.
(...)"
Extrait de Court and Private Life in the Time of Queen
Charlotte: being the Journals of Mrs Papendiek, Assistant Keeper of the
Wardrobe and Reader to Her Majesty. Edited by Mrs Vernon Delves
Broughton. London, 1887. (2 v.), v.1, p. 64-65, 76-77. Traduction V.L.N.,
les répétitions sont dues à l'original

ANECDOTES / CITATIONS / REMARQUES
DIVERSES
Citations
Händel
L'orchestre handelien.
" (The orchestra) made a terrible noise, often covering the voices
" (L'orchestre faisait un bruit terrible, recouvrant souvent les
voix) John Clerk of Penicuik, à propos de l'orchestre de Händel lors d'une
représentation d'Orlando, le 5 Mai 1733.
Ach !!! Händel conserva tout au long de sa
vie un fort accent germanique lorsqu'il s'exprimait en anglais : Charles
Burney rapporte, entre autres, qu'un soir ses amis avait remarqué que
l'opéra était presque vide juste avant le début d'une représentation. Le
Saxon répondit : "Nevre moind; de moosic vil sound de petter" (la
muzigue n'en zonnera gue mieux)...
"You are welcome home, Mr. Dubourg."
(Vous
êtes de retour à la maison, M. Dubourg !) C'est ce que le
compositeur lança à voix haute en 1742 à son premier violon lors d'une
représentation. Ce dernier faisait preuve de tellement de virtuosité
lors des modulations d'une cadence que le Saxon ne put retenir sa joie en
entendant le retour à la tonique...

ANECDOTES / CITATIONS / REMARQUES
DIVERSES
Remarques
diverses
Instruments
Quelle chaleur !!!
Les instruments à cordes baroques utilisent des cordes en boyau très
sensibles aux changements de température. Il arrive donc souvent que les
instruments se désaccordent complètement à cause de la chaleur et les
joueurs épouvantés doivent alors attendre le moment propice pour résoudre
ce problème de justesse...
Violon sur l'épaule ?
Lully a toujours été
hostile à la tenue italienne du violon sous le menton, les français le posaient donc
sur l'épaule, ce qui interdisait les cadences acrobatiques et autres
virtuosités. A titre indicatif, la mentonnière n'apparaît que vers les
années 1830 et nos " baroqueux " devraient donc s'en
passer.
Scordatura ?
Employé par exemple par
Heinrich Franz Ignaz von Biber dans ses Sonates du Rosaire, c'est le nom du
procédé qui vise à obtenir de nouvelles tonalités en changeant l'accord
des quatre cordes.
Pianoforte. Le pianoforte fut inventé en
1698 par Christofori. Il faudra près d'un siècle à cet instrument pour
supplanter le clavecin...
Clavecin dans les cantates
de Bach ? En Mai 1727,
bach atteste que Friedrich Gottlieb Wild a pendant quatre ans aidé à
"agrémenter la musique d'Eglise au clavecin". Doit-on comprendre
que l'orgue et le clavecin servait simultanément au continuo ou chacun à
leur tour ? La controverse fait toujours rage...
Couac !
Les trompettes naturelles ne possèdent pas de pistons mais seulement
quelques trous que l'instrumentiste bouche avec ses doigts. Les notes
jouables sont limitées aux harmoniques naturelles mais en changeant
la puissance du souffle (la technique du "clarino" ) leur étendue peut être plus grande. Le clarino permet en effet de jouer
des notes très aigues, des notes de passage théoriquement injouables ou
encore de corriger la justesse. En réalité, en raison de la difficulté à
jouer de cet instrument, les orchestres baroques utilisent aujourd'hui des
trompettes naturelles possédant des trous supplémentaires percés dans le
tube. Les joueurs de
cors quant à eux " trichent " depuis la seconde moitié du
XVIIIème siècle en mettant leur main dans l'embouchure...