Enfin une version à emporter sur l’île déserte !!!
L’œuvre déchaînait déjà l’enthousiasme dès le XVIIIème siècle en raison de la mort précoce de son auteur. Composé à la demande du Duc de Maddaloni, le légendaire Stabat Mater devait remplacer celui de Scarlatti en l’église Santa Maria dei Sette Dolori, à Naples. Il en conservait l’effectif : soprano, contralto, cordes et basses continue. Pergolesi acheva dans cette oeuvre la réunion du style antico et du stile moderno, juxtaposant ou fusionnant tour à tour archaïsme et modernité.
Un mysticisme brûlant (Monteverdi, Vespro della Beate Vergine, Hanns-Martin Schneidt – Archiv)
Les Vêpres à la Vierge de Monteverdi furent rarement enregistrées avec de seules voix masculines, et les circonstances de leur exécution, sans doute à Saint-Marc de Venise avec ses doubles tribunes, relativement peu documentées. Suivant la règle mulier tacet in ecclesia (les femmes se taisent dans l’église, pardonnez mesdames la traduction un peu rustre), Hanns-Martin Schneidt proposa voici plus de 20 ans cette interprétation d’une ferveur mystique, avec chœur d’enfants, et dont l’impact émotionnel est toujours aussi présent.
Pergolesi revisité (Bach, Psalm 51, Boog, Chance, Thomas Hengelbrock, DHM)
On connaissait les talents de Bach dans les procédés de la parodie (ré-utilisation/ réadaptation d’un matériel préexistant) et de la transcription, que ce soit de ses propres œuvres ou de celles de ses contemporains. De nombreuses cantates profanes ont été ainsi transformées…
Un galant contrepoint
Sans Bernardo Garcia-Bernalt, que saurions-nous de Juan de Aragues, harpiste et organiste puis maître de chapelle de l’Université de Salamanque ? Et ce serait dommage car cet obscur compositeur nous a laissé un corpus très pergolésien si l’on en juge par le programme de ce CD.
Versailles dans la brume
Un jour laiteux et blafard, où les statues se couvrent dans leurs tuniques pour ne pas prendre froid, figure sur la jaquette. Du fait de la perspective, le château émerge seulement à partir du premier étage et semble écrasé par l’hiver. Le bruissement des fontaines s’est fait glace. Rarement l’illustration aura à ce point accompagné la musique…
N’attendons plus le Messie
Edward Higginbottom justifie ce nouvel enregistrement par son choix de la version londonienne de 1751, où Haendel fit appel à des sopranos garçons à la fois dans le chœur et pour des parties solistes. Il n’avait pourtant guère besoin de ce prétexte musicologique, puisque cette interprétation se révèle l’une des plus satisfaisantes de toute l’abondante discographie…
Sacrée musique !
Certainement méconnu du plus grand nombre, mentionnons que Rupert Ignaz Mayr fut un violoniste et un compositeur de musique sacrée et de musique de chambre, Maître de Chapelle à Freising. Endroit qu’il ne quitta qu’une vingtaine d’années pour rejoindre la cour bavaroise.
Que le Ricercar Consort continue Sances
Muse d’Or, c’est trop peu pour la Muse de l’Année ! Hélas, bien qu’il ait partagé notre enthousiasme forcené à l’écoute de ce petit chef-d’œuvre, le rédacteur en chef n’a pas cru bon de modifier la maquette (et l’infographiste non plus). Nous protestons donc contre l’inique réalité qui oblige à ne pas pouvoir louer plus que de coutume un enregistrement exceptionnel, et comme on en rencontre peu.
« Chantons, célébrons à jamais / De notre Dieu, la gloire et les bienfaits » (La Destruction de Jéricho, scène dernière)
Originaire de Wertheim, en Baden-Württenberg où il naquit en 1741, Henri-Joseph Rigel s’installe à Paris une vingtaine d’années plus tard et y jouit rapidement d’une grande notoriété. Outre la foisonnante composition de musique de chambre et d’œuvres lyriques très prisée des salons parisiens, il dirige en 1783 le Concert spirituel et enseigne le pianoforte au Conservatoire.
Nul besoin de Rameau pour faire un bel olivier
Voici du baroque d’Europe centrale comme on l’aime. Composé en 1723 pour le couronnement de Charles VI à Prague, cet oratorio de circonstance, en latin, était à l’origine plus long. Hélas, les parties de musique dansée en ont été perdues. Subsiste un monument grandiose et plein de pompe, où solennité et enthousiasme se mêlent harmonieusement au sein d’une partition terriblement inventive, quoique sans audaces harmoniques.
Moi, j’ai dit « bizarre » ? Comme c’est bizarre…
D’abord, une exécution du Stabat Mater de Pergolèse avec un contre-ténor et un enfant soprano n’a aucune réalité historique. Ensuite, pourquoi diantre accumuler les difficultés de tessitures pour les deux chanteurs ? Pour le panache ? Pour la musique ? Pour l’aventure ?
La sensation de planer…
Ce disque rassemble les classiques de la littérature sacrée du Prêtre Roux. Qu’il s’agisse du Stabat Mater, du Nisi Dominus ou encore du Salve Regina, tous sont empreints d’une profonde sensibilité et appellent au recueillement. Si chacune de ces œuvres transmet un sentiment de plénitude, c’est dans le Nisi Dominus que celui-ci se dégage le plus.
Qu’elle est belle, la ville solitaire !
C’est dans les années 1714 -1715 que François Couperin compose ses Trois leçons de Ténèbres pour le Mercredy Sainct. Ce sont les seules du compositeur qui nous soient parvenues, bien qu’il ait affirmé en avoir écrit un cycle complet. Le Livre des Lamentations est un recueil de complaintes sur la chute de Jérusalem devant les glorieuses légions de Rome, vers – 587.
Même Schütz l’admirait…
Samuel Bockshorn fut un compositeur renommé… en son temps. Souvent comparé à Schütz qui reçut favorablement son Opus Musicum, son style se caractérise par la fusion des styles italiens et du motet allemand. Le Theatrum Musicum est constitué de scènes sacrées, mêlées dans cet enregistrement à des productions d’autres recueils, telle la Scelta Musicale plus virtuose.
Requiem… et tralala
Composé quelque part entre 1697 et 1704 (les musicologues ont encore du pain sur la planche !), le Requiem de Jean Gilles, maître de musique de la Cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, demeure son œuvre la plus célèbre, très à la mode tout au long du XVIIIème siècle, notamment lors des concerts parisiens du Concert Spirituel des Tuileries.
Une rareté peu convaincante
Pour une rareté, c’en est une ! Un vieil enregistrement de 1973, le premier de cette œuvre des années 1680 où l’oratorio balbutiant hérite du recitar cantando monteverdien et des histoires sacrées de Schütz. L’orchestre de Louis Devos patauge, sa sonorité ample et tremblotante a le charme des débutantes ne sachant pas encore valser. Peut-être même les cordes sont-elles modernes. Au milieu de cet océan capté avec un souffle digne des enregistrements historiques salzbourgeois des années 30 surnage l’Evangéliste de Louis Devos.
Une interprétation bouleversante.
Les motets enregistrés ici appartiennent au genre du petit motet et datent de la fin du règne de Louis XIV. On y retrouve le style français un peu maniéré lié dans une intime alchimie à des passages italianisants. Les accompagnements instrumentaux sont discrets et élégants, souvent confinés à des violons ou des flûtes allemandes.
Un Tombeau bien joyeux
Dès la réception du beau digipack orné d’un détail de Watts, nous nous sommes demandé ce qu’était ce Tombeau de Sa Majesté la Reine de Pologne de Bach. Nous nous apprêtions à compulser frénétiquement notre catalogue BWV, quand la réponse tomba du ciel, ou plutôt du détail des plages.
Le miel de l’Abbaye…
Voici un disque qui s’achète et s’écoute les yeux fermés. En dépit de ses 20 printemps, l’enregistrement a conservé l’élégance lumineuse et l’équilibre de ses vertes années. Tout ici est harmonie et musicalité. Trevor Pinnock comme Simon Preston ont parfois été accusé de placidité, d’application, de flegme britannique excessif.
Ils sont fous ces romains !
Il est temps de critiquer cette interprétation désormais presque mythique, tout particulièrement pour la sublime et regrettée Lorraine Hunt dans l’un de ses plus beaux rôles.