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Passer de l’autre côté d’une Barrière

Barrière est indubitablement célèbre parmi les joueurs de violoncelle. Mais au-delà de la barrière de ce cénacle, le grand public vit encore dans l’ignorance de ce virtuose de l’instrument né à Bordeaux, et qui grava 4 recueils de sonates pour violoncelle (1733, c. 1735, c.1739 et 1740).

Jean (Baptiste) BARRIERE (1707-1747)

Sonates pour le violoncelle et la basse continue

 

Bruno Cocset (violoncelle) 
Blandine Rannou (clavecin et orgue), Emmanuel Balssa (violoncelle et viole de gambe), Pascal Monteilhet (théorbe), Richard Myron (contrebasse et violone) 

62’31, Ampha 015, enr. 2000.

[clear]Barrière est indubitablement célèbre parmi les joueurs de violoncelle. Mais au-delà de la barrière de ce cénacle, le grand public vit encore dans l’ignorance de ce virtuose de l’instrument né à Bordeaux, et qui grava 4 recueils de sonates pour violoncelle  (1733, c. 1735, c.1739 et 1740). Bruno Cocset a sélectionné des pièces provenant de tous les Livres, et a eu l’excellente idée de changer d’instrument : violoncelle, basse de violon, ténor de violoncelle chantent tour à tour avec leurs timbres propres. 

L’écriture de Jean Barrière est très idiomatique. D’une facture complexe, parfois déroutante, regorgeant de coups d’archet difficiles et parfois assez gratuits, elle ne bénéficie pas à chaque instant la poésie lumineuse qui irradiait littéralement les Sonates pour violoncelle de Vivaldi par le même interprète. En outre, les pièces sont très brèves, et le climat a à peine le temps de s’installer que le compositeur tourne la page. Barrière, c’est un peu le “speed-dating du cello”, si vous me pardonnez la malheureuse expression. Pourtant, l’élégance toute française de la mélodie, la vivacité rythmique, la clarté de la ligne sont au rendez-vous, et Bruno Cocset et sa compagnie d’élite pressent la partition dans ses retranchements afin d’en dégorger toute la pulpe. Tour à tour rêveur, acharné, sanguinaire ou repus, l’archet saltimbanque surprend toujours, s’escrime et s’essouffle. L’Aria de la sonate II (Livre III) fait entendre la nostalgie des accents couperiniens, l’Andante IV (Livre IV) a clairement passé les alpes et ses 2 violoncelles respirent l’Italie à pleins poumons, le Largetto de la sonate VI (Livre II) n’est que douceur et tendresse. Alors, n’hésitez plus à franchir la Barrière.

Sébastien Holzbauer 

Technique : Prise de son très proche et intime, avec clavecin très en avant. 

Étiquettes : , , , , Dernière modification: 23 novembre 2020
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