Rédigé par 15 h 46 min CDs & DVDs, Critiques

Lui clouer Lübeck

Ton Koopman aime les fioritures, la pompe et les ors. On lui a d’ailleurs souvent reproché son toucher immensément léger, les appogiatures dont il se délecte, la joyeuse rutilance de ses cantates de Bach qui manquent souvent de spiritualité. Koopman, c’est un peu l’anti-Suzuki, pourtant son élève.

Dietrich BUXTEHUDE (1637-1707)

Opera Omnia V
Cantates, concertos et pièces diverses

 

The Amsterdam Baroque Orchestra and Choir
Direction Ton Koopman.

2 CDs, 74’40 + 76’32, Antoine Marchand, 2007.

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Ton Koopman aime les fioritures, la pompe et les ors. On lui a d’ailleurs souvent reproché son toucher immensément léger, les appogiatures dont il se délecte, la joyeuse rutilance de ses cantates de Bach qui manquent souvent de spiritualité. Koopman, c’est un peu l’anti-Suzuki, pourtant son élève. Alors, lorsque le claveciniste galant s’aventure chez Buxtehude, l’organiste et maître de musique de l’église Sainte-Marie de Lübeck, compositeur un rien sévère et qui s’inscrit dans la lignée de Schütz, on frémit. Et l’on a tort, à moins de frémir de plaisir. Car Koopman a remarquablement bien échafaudé son programme, privilégiant les pièces courtes et incluant les 2 grandes compositions fastueuses que sont le “Benedicam dominum” et le “Heut triomphieret Gottes Sohn”. Et aussi car les choristes et solistes qu’il a choisi sont en grande forme.

Le “Benedicam dominum” est un concert sacré à fort effectifs, basé sur le Psaume 33  – avec timbales, trompettes, trombones et orgue régale s’il vous plaît – et où les musiciens et chanteurs sont répartis en 6 chœurs pour des effets de spatialisation sonore que l’on retrouvera dans les grandes messes de Biber. Koopman nous en met plein les oreilles, grâce à une direction très enthousiaste et des cuivres visiblement en pleine exaltation. A côté de cette “grosse machine”, les deux disques nous proposent un panorama varié de morceaux plus intimes qui vont de l’aria strophique à la petite cantate. On y retrouve une écriture virtuose typiquement germanique, et dans le même temps une ferveur simple. Parmi les nombreux solistes, on distinguera spécialement les riches graves de Klaus Mertens, l’innocence agile de Johannette Zomer (en dépit d’un vibrato ça-et-là trop prononcé) et la stabilité de l’alto Patrick van Goethem. Certes, on est plus dans le concert spirituel que dans la dévotion solennelle, mais l’ensemble est convaincant, et diablement rafraîchissant !

Armance d’Esparre

Technique : prise de son ample et légèrement réverbérée.

Étiquettes : , , , , Dernière modification: 11 juillet 2014
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