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Le saviez-vous ? De la résistance du cornet à bouquin

Nos lecteurs connaissent par cœur le cornet à bouquin, auquel nous avions déjà consacré quelques lignes. Cette chose courbe, en poirier, érable ou noyer, de forme octogonale recouvert de cuir traversa l’Occident depuis les alentours de l’an mil. Et nos baroqueux ont l’habitude de le voir fleurir dans les canzone de Gabriela, les œuvres de Monteverdi ou Caccini, et toute cette belle première moitié du XVIIème siècle si colorée. David Munrow, Ulrich Brandhoff, Jean Tubery, Jean-Pierre Canihac et d’autres grands musiciens nous ont habitué à tirer de ce cornet des voix humaines, d’un souffle chaleureux et discret à une rutilance guerrière.

Pierre Denis Martin, Vue du château de Versailles prise de la place d’armes en 1722 (détail), huile sur toile, 1390 x 1500 cm, Château de Versailles – Cliché Muse Baroque, 2020.

Nos lecteurs connaissent par cœur le cornet à bouquin, auquel nous avions déjà consacré quelques lignes. Cette chose courbe, en poirier, érable ou noyer, de forme octogonale recouvert de cuir traversa l’Occident depuis les alentours de l’an mil. Et nos baroqueux ont l’habitude de le voir fleurir dans les canzone de Gabriela, les œuvres de Monteverdi ou Caccini, et toute cette belle première moitié du XVIIème siècle si colorée. David Munrow, Ulrich Brandhoff, Jean Tubery, Jean-Pierre Canihac et d’autres grands musiciens nous ont habitué à tirer de ce cornet des voix humaines, à le faire vibrer d’un souffle chaleureux et discret à une rutilance guerrière. Mais sait-on que ce cornet perdura beaucoup plus longtemps qu’on ne le pense ? Soudain l’on se souvient de l’avoir entendu, doublant les voix de certaines des cantates de Bach dont la fameuse BWV 4 ou la BWV 26. A la Chapelle Royale, on retrouve cet instrument qu’on associe pourtant à Josquin Desprez ou Gabrieli jusqu’en… 1733, en plein règne de Louis XV ! Etonnante longévité pour ce cornet hors du commun…

Mieux encore, les amateurs de Gluck n’en sont pas les moins surpris, dans la version initiale d’Orfeo ed Euridice de Vienne de 1762, le cornet est utilisé pour chanter la mort  dans la première scène de l’acte I, conformément à la tradition germanique qui l’utilise pour la musique religieuse et pour jouer des chorals sur les parvis des églises les jours de fêtes. Alors même que dans cette même partition Gluck fait un usage novateur d’un trio de trombone, faisant ainsi coïncider l’ancien et le moderne dans un palette de timbres soignée. Hélas, du fait de l’orchestre de l’Académie Royale de Musique, le cornet ou le chalumeau disparaissent de la version française de 1774, au profit de hautbois et clarinettes. [M.B.]

 

Étiquettes : , , Dernière modification: 1 décembre 2020
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