Antonio VIVALDI (1678-1741)
Argippo (Prague, 1730)
Osira – Jana Binova-Koucka (soprano)
Silvero – Barbora Sojkova (soprano)
Argippo – Veronika Fucikova (mezzo-soprano)
Zanaida – Pavla Stepnickova (mezzo-soprano)
Tisifaro – Zdenek Kapl (baryton)
Ensemble Hofmusici
Direction Ondrej Macek
Captation live, première mondiale
123’81, 2 Cds, Dynamic, 2009 (enr. 23 octobre 2008 au Teatro Goldoni de Venise) [clear]
Quand le très sérieux Institut Antonio Vivaldi donna son satisfecit à la partition découverte par le claveciniste tchèque Ondrej Macek, les mélomanes vivaldovores furent hautement ravis par les promesses d’une œuvre totalement méconnue, d’une période tardive du prêtre roux. L’enregistrement à Prague de cette partition retrouvée dans la demeure familiale de Regensbourg des Princes Thurn und Taxis, fit trépigner d’impatience. L’entreprise était alléchante pour le baroqueux, découvrir une nouvelle partition vivaldienne et au même temps, intégration européenne oblige, des nouveaux talents venus de l’Est. Comment ne pas résister peut-être à une nouvelle Magdalena Kozena, un nouvel ensemble 1704 ?
Hélas ! Parfois il est des instants où nous souhaiterions que l’un de nos sens nous fasse défaut, que ce que nous entendons ou voyons ne soit que le produit d’une indigestion, d’une maladive hallucination. Car hélas, dès les premières notes de cet enregistrement – en concert -, nous en sommes presque amenés à regretter la lourdeur des versions de Claudio Scimone, qui, elles au moins, avaient le bénéfice de la justesse.
En effet, coté voix, ni Veronika Fucikova, ni Pavla Stepnickova ne s’avèrent à la hauteur des rôles qui leur sont confiés : les voix sont tendues, à la limite du déraillement. Les timbres sont peu agréables, la technique insuffisante pour les prouesses virtuoses du Prêtre Roux. Jana Binova, dans le rôle d’Osire, dans son air « Vidi appena un sol baleno » (ci-dessous) se révèle la plus inspirée, malgré les fautes de justesse et le manque d’inventivité du da capo. A l’écoute de cette intégrale peu convaincante, on ne peut s’empêcher de penser qu’Ondrej Macek et Hofmusici ne sont pas très à l’aise, ni avec le style diamantin de Vivaldi, ni avec l’interprétation de la musique ancienne en général. Peut-on vraiment résumer le son « baroque » à des grincements de cordes et à des tempi débridés ? L’écriture de Vivaldi s’en retrouve meurtrie, grossie, simplifiée à des clichés, série de poncifs d’une précipitation déplacée, d’abus d’effets malheureux sans cohérence dramatique. L’on déplore le manque de clarté des lignes, les parties chaotiques, les couleurs brouillées rendent inintelligible le propos et l’originalité de la partition. Et s’il faut être cruel mais juste, l’on en viendrait presque à regretter la redécouverte de cet Argippo déformé.
Et pourtant dans leur disque New Discoveries (Naïve), Federico Maria Sardelli et Romina Basso nous avaient offert un bref aperçu du véritable Argippo dans deux superbes airs qui laissaient entrevoir les merveilles de cet opéra. Nous espérons que d’autres ensembles baroques recueilleront cet Argippo, l’un des derniers rayons de l’éclatant Antonio Vivaldi qui mérite pleinement d’être révélé dans toute son inventivité et sa poésie.
Jana Binova Kouca – « Vidi appena un sol baleno » – D.R
Pedro-Octavio Diaz
Technique : captation live d’une relative pauvreté en termes de couleurs et de précision.
Étiquettes : Dynamic, Muse : 2, opéra, Pedro-Octavio Diaz, Vivaldi Dernière modification: 11 juillet 2014