Rédigé par 15 h 19 min Concerts, Critiques

Rameau au Temple de la Gloire (Les Agréments, van Waas – Versailles, 14/10/2014)

En ce frisquet mardi soir d’Octrobre renaissait, sous les ors parmi les plus illustres du monde une œuvre pour le moins injustement méconnue, fruit de la collaboration fertile de deux esprits des plus féconds, pour le premier de la philosophie et de la littérature, pour le second de la musique et de la théorie musicale.

Rameau au Temple de la Raison

Les Agréments & Chœur de Chambre de Namur, dir. Guy Van Waas
Opéra royal de Versailles, 14 octobre 2014

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Jean-Philippe Rameau (1683-1764), Le Temple de la Gloire (1745)

Judith van Wanroij : Lydie, Plautine
Katia Velletaz : Une Bergère, Une Bacchante, Junie
Chantal Santon-Jeffery : Arsine, Erigone, La Gloire
Matthias Vidal : Apollon, Bacchus, Trajan
Alain Buet : L’Envie, Bélus, Le Grand Prêtre de la Gloire 

Orchestre Les Agréments & Chœur de Chambre de Namur
Guy Van Waas, direction 

Opéra Royal de Versailles, 14 Octobre 2014

En ce frisquet mardi soir d’octobre renaissait, sous les ors parmi les plus illustres du monde une œuvre pour le moins injustement méconnue, fruit de la collaboration fertile de deux esprits des plus féconds, pour le premier de la philosophie et de la littérature, pour le second de la musique et de la théorie musicale.

Représenté pour la première fois au théâtre de la Grande Ecurie de Versailles le 27 Novembre 1745, Le Temple de la Gloire, ballet héroïque composé en l’honneur de nombreuses victoires de l’armée française lors de la guerre de succession d’Autriche (1740-1748), ne méritait rien moins pour sa création qu’un savant livret de Voltaire mis en musique par Rameau lui-même. Repris à Paris par la suite, ce fut un échec, si bien qu’une deuxième version au livret et à la musique tout deux remaniés fut créée le 19 Avril 1746.

C’est dans cette version, inédite dans son intégralité depuis le XVIIIème siècle, que nos interprètes ont choisi de s’illustrer sur la scène de l’Opéra de Versailles.

Et en fait d’illustration, malgré l’épais livret constitué essentiellement de maximes philosophiques toutes propres à l’esprit voltairien, la présentation scénique en version de concert ne fut en aucun cas un handicap. On aura pu simplement apprécier la présence des solistes sur scène, conforme à celle indiquée dans le livret, ceux-ci n’ayant de plus pas fait l’économie de quelques accessoires et sobres mimiques, nous facilitant un peu plus la tâche ardue qu’est celle de démêler le fil narratif extrêmement ténu qui en constitue l’action.

Les solistes, eux encore, furent absolument remarquables, collant à la peau de leurs personnages à merveille. Quelle autre que la voix profonde et puissante d’Alain Buet pour incarner successivement L’Envie furieuse, le tyran cruel Bélus ou l’austère Grand Prètre de la Gloire. Ou à l’inverse le timbre piquant de la soprane savoyarde Katia Velletaz parfaite en naïve bergère ou en bacchante frivole. Ou encore la Haute-Contre aigre-douce de Matthias Vidal dans le rôle tantôt d’un Apollon solaire ou du héros Trajan, tantôt dans celui d’un Bacchus léger et inconstant.

Dans ce ballet du texte qu’est Le temple de la Gloire on regrettera cependant un certain manque de compréhension chez la soprane néerlandaise Judith van Wanroij.

Enfin, on ne peut conclure sans une mention spéciale à Chantal Santon-Jeffery, qui, à la fois par sa voix superbe, son charisme impressionnant et son jeu de scène plein d’humour, subjugua le public à chacune de ses apparitions.

Du côté du chœur, brillamment préparé par le ténor Thibaut Lenaerts, la musique ne manquait en aucun cas, tant sur le plan propre que sur le plan textuel. Une diction parfaite, une rythmique et une justesse millimétrées et avant tout une passion et un enthousiasme des plus émouvants.

Enfin, du côté de l’orchestre, on ne peut pas parler de perfection, loin de là (justesse et ensemble un peu approximatifs), mais enfin, fi de tout cela ! L’orchestre, à l’instar du reste de l’équipe nous a tenu en haleine par une diction pleine de d’attaque et d’énergie et avant tout un plaisir de partage qui se fit ressentir depuis le parterre jusqu’au tout dernier balcon.

Un spectacle que n’aurait certainement pas renié maître Rameau. Car lui même, dont la vie était dévouée à la musique et à l’effet que pouvait produire sur son auditoire, aurait été témoin du frémissement de plaisir que produisit son œuvre depuis le premier son et jusqu’à ce que la dernière note eût résonné sous la grande coupole dorée.

François d’Irançy

SAISON L’OPERA ROYAL 14-15
6 CONCERTS RAMEAU D’OCTOBRE A NOVEMBRE

Dim. 5 oct. 16h : Rameau Les Boréades, M. Minkowski 
Mar. 7 oct. 20h : Rameau – Mondoville Grands Motets W. Christie
Sam. 11 oct. 20h : Rameau Requiem sur Castor & Pollux P. Cohen-Akenine
Mar. 14 oct. 20h : Rameau Le Temple de la Gloire G. Van Waas
Mar. 18 nov. 20h : Rameau Zaïs C. Rousset
Sam. 22 nov. 21h : Gala Rameau, H.Niquet
Étiquettes : , , , , , , Dernière modification: 27 octobre 2014
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