Si c’est pour lui faire de beaux enfants…
Mars 2010. Voici un CD qui aurait pu passer aussi inaperçu qu’un garde suisse fermant une grille versaillaise, qu’un courtisan cherchant une chaise d’affaire, qu’un solliciteur faisant les cent pas devant l’Aile des Ministres. Un digipack élégant mais neutre, un label peu connu et difficilement trouvable en grandes enseignes, une œuvre très, trop fameuse.
The Sixteen dans la chapelle
Mieux que le texte convenu de n’importe quelle carte de vœux, ce disque vous fera débuter l’année armé d’un inébranlable optimisme. Car the Sixteen, trop souvent stigmatisés pour leur froideur lisse et leur perfection – si flegmatique qu’elle peut en devenir ennuyeuse – signent ici un enregistrement qui fera date, et qu’une prise de son d’une générosité superlative vient encore renforcer.
Pantaleon et tangentenflügel (Guides des instruments anciens – Ricercar, 2009)
C’est une idée que nous caressions depuis quelques temps. Un sorte de CD-Rom ou de livre-disque qui permettrait aux curieux d’enfin connaître les détails des instruments anciens et baroques, et d’en apprécier en même temps les sonorités à travers des exemples musicaux. Eh bien, Ricercar l’a fait.
Bach sur papier Japon
Ceux qui achetaient un par un chacun des volumes de l’intégrale des cantates de Bach en cours depuis 1995 par le Bach Collegium Japan et son chef Masaaki Suzuki ont frisé la crise d’apoplexie devant l’édition spéciale de BIS parue en septembre et octobre 2009 : 4 gros coffrets de 10 CDs chacun (pas de SACD), avec l’intégralité des livrets originaux, offerts pour une somme plus que modique et recelant les 2/3 des cantates enregistrées par ordre chronologique par nos vaillants samurais.
L’Italie à Madrid
Octobre 2009. Voici un CD élégant et rare, qui en étonnera plus d’un. Car si Juan de Ledesma est bien originaire de la péninsule (la grosse péninsule du Couchant), c’est du côté de l’Italie, et notamment de Naples que se tournent ses regards. En effet, les alliances matrimoniales des Bourbons d’Espagne conduisirent à la venue de musiciens italiens, tels Farinelli lui-même.
“O che nuovo stupor”
Septembre 2009. Pour célébrer les 50 ans de la mythique collection Das Alte Werk de Teldec (désormais partie intégrante du groupe Warner), le label a décidé de rééditer son catalogue avec de nouvelles jaquettes, avec à la fois les enregistrements historiques (les anciens Teldec marrons puis crème), et les nouveaux enregistrements (ex-jaquettes blanches).
Un peu, beaucoup, passionnément
Juillet-Août 2009. 12 cycles de cantates, 46 passions… Pourtant, la postérité n’aura retenu de Telemann que laTafelmusik d’une joliesse décorative un peu versaillaise, comme si l’on réduisait Bach à ses Ouvertures. Et alors que s’amoncellent pour notre plus grand bonheur les intégrales de cantates de Bach, l’énorme leg des quelques 1400 cantates télémaniennes (TVWV 02:01 à TVWV 15:27 en comptant les sérénades et cantates profanes) reste encore à (re)découvrir.
Se perdre dans un Dédale
Crénom ! s’écrie le critique à l’écoute de cet enregistrement protéiforme, d’une vitalité multicolore qui dégage le parfum d’un ailleurs troublant. A partir de la trame de la célébration d’un passé antique mythique et glorieux par les artistes de la Renaissance, Roberto Festa a assemblé un périple dont le maître-mot est la surprise du dépaysement…
Monteverdi, cheek to cheek
Avril 2009. Voilà un enregistrement qu’on aime ou qu’on quitte. Un enregistrement qui flirte allégrement avec le jazz, qui use et abuse des syncopes et d’une attitude nonchalante et détendue. Où l’Italie du XVIIème siècle s’oublie dans les cabarets d’outre-Atlantique. Cette vision, qui nous avait seulement partiellement convaincus en concert, réussit étonnamment son passage au disque, sur un théâtre d’amour d’une rare finesse, où la poésie affleure, et où il fait bon skater.
“La Raison vous dit : Trois c’est trois et la Foi déclare que : Trois c’est un” (Flaubert)
Mars 2009. Bruno Cocset possède l’archet agile, assuré, infiniment conteur. Après des sonates de Barrière, Geminiani ou Vivaldi, après les 6 Suites pour violoncelle tous parus chez Alpha, revoilà l’artiste pour un enregistrement programmatique très personnel, cheminement intellectuel que Bruno Cocset décrit avec naturel et candeur dans le livret, autour de la Guerre de Trois.
Un “Come Bach” réussi (Bach, Messe en si, Les Musiciens du Louvre, Minkowski – Naïve)
Février 2009. Le facile jeu de mot orne fièrement le fronton de l’interview accordée par le chef à Rémy Louis parmi les notes de programme de ce joli livre-disque sur papier vergé. Il est cependant inexact, puisqu’il s’agit non d’un retour mais d’une première rencontre au disque entre Bach et Marc Minkowski.
Une ébouriffante latinité
Noël 2008. Le premier récital de Verónica Cangemi a su se hisser d’emblée loin au-dessus de la compilation virtuoses de tubes opératiques grâce à une sélection toute personnelle, qui regroupe nombres d’airs baroques italiens et de manière plus surprenante de la musique d’Amérique latine.
Concerts à deux violes inégalables
Voici une critique bien tardive et que nous avions prévu pour l’été. Mais l’écoute de ce monument discographique de près de huit heures méritait bien qu’on prenne le temps nécessaire, et il eut été malhonnête de chroniquer cette intégrale unique des Concerts à deux violes esgales de Sainte-Colombe (sans doute le Parisien Jean de Sainte-Colombe comme les recherches de Jonathan Dunford tendent à le prouver) sans en avoir admirer toutes les facettes.
"Quand on lui dit : Comment? Il répond, je le veux." (Arbas, Acte I, scène 1)
Voici presque un an que nous attendions cette parution après l’émerveillement des représentations de l’Opéra Comique. Nous ne reviendrons pas ici sur le contexte et les caractéristiques de l’œuvre elle-même qui sont étudiés dans un article dédié, mais uniquement sur la captation de ces instants de magie, que le souvenir et les mois passés ont sublimés.
Ah, la délicieuse saveur des compotes maison…
On avait découvert il y a quelques mois de cela le confort tendre de l’interprétation au virginal des pièces extraites du Manuscrit Susanne van Soldt. Pour mémoire, ce recueil comporte 33 arrangements de chansons profanes, de danses et de psaumes qui constituent l’une des sources les plus précieuses de la musique quotidienne néerlandaise de cette époque.
Levens se lève
25 octobre 1722. Le jeune arrière-petit-fils de Louis XIV, qui n’a pas encore 13 ans, est couronné à Reims. L’événement est naturellement célébré à travers le royaume. C’est donc à grand coup de volées de cloches et de Te Deum que le peuple de France fête son nouveau Roi.
De l’art de la sanguine et du pastel…
Peut-on mieux dire que Marianne Muller qui nous invite à nous perdre dans les méandre d’une galerie de compositeurs ? Galerie au sens de musée, de collection particulière, de cabinet des curiosités dont l’heureux maître des lieux vous entrouvre la porte, et vous guide avec passion parmi les merveilles qu’il a rassemblées.
Un archet olympien et olympique
Avec ce nouvel enregistrement de Geminiani, Bruno Cocset confirme si besoin était son titre de Meilleur Archet catégorie Violoncelle aux Championnats du Monde de Musique Baroque. Dès le coup de départ, l’artiste, qui avait déjà remporté des trophées bien mérités avec ses interprétations de sonates de Vivaldi ou Barrière, prend à contre-pied le jury qui s’attendait à un déferlement de difficultés techniques et de virtuosité assumée