Jean-Sébastien BACH (1685-1750)
« Desire »
Cantate BWV 32 « Liebster Jesu, mein Verlangen »
Cantate BWV 49 « Ich geh’ und suche mit Verlangen »
Cantate BWV 154 « Mein liebster Jesu ist verloren »
Johann Christoph BACH (1642-1703)
Cantate « Ach, dass ich Wassers gnüg hätte »
Caroline Weynants (soprano), Patrick Van Goethem (contre-ténor), Marcus Ullmann (ténor), Lieven Termont (baryton)
Il Gardellino : Marcel Ponseele et Ann Vanlancker (hautbois), François Fernandez et Sophie Gent (violon), Mika Akiha (viole), René Schiffer (violoncelle), Elise Christiaens (contrebasse), Shalev Ad-El (harpe et orgue)
Direction Marcel Ponseele
67′, Passacaille, 2010
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Brillant hautboïste (dont nous avons pu apprécier la virtuosité il y a quelques semaines à Froville aux côtés de Damien Guillon), Marcel Ponseele nous livre ici trois cantates de Bach faisant appel à cet instrument, ainsi que le beau lamento « Ach, dass ich Wassers gnüg hätte » de Jean-Christophe Bach (composé pour une voix d’alto). D’emblée, on peut souligner que l’orchestre Il Gardellino y montre homogénéité et empathie, mettant en valeur les parties solistes : le hautbois bien sûr (notamment au début de la cantate BWV 32), mais aussi l’orgue concertant de la magnifique symphonie d’ouverture de la cantate BWV 49, à l’ornementation étourdissante (cette symphonie fut écrite par Bach, en réutilisant le thème d’un précédent concerto pour hautbois, afin de former son fils Wilhelm Friedemann comme soliste sur l’instrument). De leur côté les cordes, généralement discrètes pour rester dans le ton plein de fraîcheur d’une formation réduite, se projettent avec conviction dans les déchirements du lamento de J-C. Bach.
Les chanteurs semblent eux aussi à l’unisson de ce parti de dépouillement et de fraicheur baroque. Bien appuyé sur la ligne mélodique, le timbre cristallin de Caroline Weynants s’impose délicatement face au hautbois lors de l’attaque du « Liebster Jesu » (BWV 32). Mais la voix devient resplendissante, voire solaire, dans les moments d’allégresse, qu’il s’agisse du « Ich bin herrlich, ich bin schön » (BWV 49) ou du « Jesu, lass dich finden » (BWV 154), brillamment accompagné au hautbois.
Lieven Termont possède un timbre point trop grave, plein de rondeur et aux aigus veloutés, qui répond avec grâce à l’orgue charmeur de la cantate BWV 49. Il faut souligner ses beaux duos avec Weynants, qu’il s’agisse du « Nun verschwinden » ponctué du hautbois (BWV 32) ou du final enlevé de la BWV 49 (« Dir hab ich je und je geliebt »).
C’est dans le lamento de Jean-Christophe Bach que Patrick van Goethem déploie toute son expressivité. Son timbre éthéré, d’une bonne stabilité, semble se tordre dans les accents de douleur, sans rien perdre de sa beauté intemporelle. Enfin, disposant d’une partie assez réduite, Marcus Ullmann possède une diction très claire, et un timbre nimbé bien adapté au répertoire, qui brillent dans le magnifique duo de la BWV 154 (« Wohl mir, Jesu ist gefunden »).
Seul petit regret, le livret (avec notices en anglais, français, allemand et néerlandais) ne comporte que le texte allemand des cantates, sans traduction. Et une malheureuse répétition attribue au texte de la cantate BWV 154 l’intitulé « Cantate BWV 49 », ainsi annoncée deux fois ! Mais ne boudons pas notre plaisir, et saluons cette production prometteuse d’Il Gardellino et de Marcel Ponseele.
Bruno Maury
Technique : prise de son claire et bien équilibrée
Étiquettes : Bruno Maury, cantates, J.C. Bach, Jean-Sébastien Bach, Muse : argent, musique religieuse Dernière modification: 9 novembre 2020