Portrait d’un grand homme bon : “Un grand homme tellement bon qu’il en devient méchant, car ses ouvrages sont extrêmement difficiles.” (Francesco Maria Zambeccari)
Nous voici exactement un an après le 350ème anniversaire de la naissance d’Alessandro Scarlatti, qui passa malheureusement sous un silence triste et irrespectueux pour la mémoire de ce grand compositeur. Si on connait la destinée de son fils Domenico par ses 555 exercices sous forme de sonates pour le clavecin que des mains pianistiques ont tellement déformées, le père – qui fut un des compositeurs les plus respectés et aimés de son temps – n’a de reconnaissance que les fières peintures muettes et les salles de certains conservatoires italiens.
Profond Carmin (Lully, Armide, d’Oustrac, Les Arts Florissants, Christie – DVD FraMusica)
Les dernières pages du monumental Ulysse de James Joyce s’achèvent par l’éternel féminin, le monologue extraordinaire de Molly Bloom. Si la femme concupiscente du peu reluisant Leopold Bloom n’a rien d’une enchanteresse mythique, Joyce, en quelques pages, nous fait pénétrer au coeur même du subconscient…
Entretien avec Leonardo García Alarcón, directeur musical de la Capella Mediterranea
Entretien avec Leonardo García Alarcón, directeur musical de la Capella Mediterranea. Notre couverture du Festival d’Ambronay a été l’occasion de rencontrer Leonardo García Alarcón pour la reprise du très remarquable Il Diluvio Universale de Falvetti. Lors d’un échange très libre, le chef argentin, organiste et claveciniste, a accepté de livrer quelques unes de ses confidences sur son parcours, et sa vision de la scène baroque d’aujourd’hui.
Entretien avec Marcello Di Lisa, directeur musical de Concerto de’ Cavalieri
Entretien avec Marcello Di Lisa, directeur musical de Concerto de’ Cavalieri. Muse Baroque : Alessandro Scarlatti a fait ses débuts dans le palais de la reine Christine de Suède à Rome, il avait 19 ans. Il a eu de ce fait une des carrières musicales les plus longues de l’histoire. Trouve-t-on une évolution dans son style entre 1679 et 1725 ?
Le langage des papillons
En 1708 le armées du déclinant Louis XIV sont battues à Oudenaarde; depuis le début de ce que l’histoire moderne appelle la Guerre de Succession d’Espagne, les prétentions royales de l’archiduc Charles de Habsbourg recueillit les suffrages d’une Catalogne avide d’autonomie. Ce prince est un personnage incontournable pour la vie musicale de son époque et surtout pour l’engouement de sa ville natale, Vienne, pour la musique.
Les surprises de l’amour
C’est en termes discourtois mais néanmoins réalistes que le roi du Portugal Dom Joao V (1706-1750) désigna sa fille Donha Maria Barbara quand elle s’en allait convoler avec le Prince des Asturies Don Fernando. Si bien des chocs physiques étaient de coutume à l’époque baroque du fait des mariages arrangés par procuration, ce fut sans doute le caractère, les talents et l’érudition de la princesse portugaise qui conquirent le cœur de son époux et le regard de l’Histoire…
« Les hommes rêvent du retour plus que du départ. » (Paulo Coelho)
Alors que la maison de Pietro Trapassi dit Métastasio au cœur de Rome tombe en lambeaux sous le poids de l’oubli général, sort dans les bacs un recueil musical qui réunit trois compositeurs napolitains dont deux furent de ses plus grands orfèvres : Porpora et Leo.
Sauce piquante : “Convidando está la noche aquí de musicas varias.” (Sor Juana Ines de la Cruz)
La découverte de la musique baroque des Amériques n’est plus à faire, des ensembles tels que Elyma de Gabriel Garrido, Le Concert des Nations de Jordi Savall ou L’Arpeggiata de Christina Pluhar se sont chargés de débusquer et de ramener des lointaines jungles, missions et villes ensoleillés ces petits bijoux ciselés dans les forges syncrétiques du Nouveau Monde.
“La langue noble est moins favorable à la musique »
Nombreuses sont les critiques qui ont fusé contre Alexandre Pitra, le librettiste adaptateur de cette Andromaque, tout comme autant de reproches d’inexactitude et d’imprécations contre ce que qualifiera le sulfureux comte Grimm d’ hérésie du goût.
Musiques de la Ville Rouge
On connait assez mal les musiques de la brumeuse Europe du Nord, passées les Îles Frisonnes, la venteuse Héligoland et les côtes voisines du Danemark il est d’usage de croire à un désert primitif et obscur. Mais, au lendemain de la terrible et sanglante Guerre de Trente Ans (1618-1648), l’Allemagne et le monde baltique ont développé un style musical propre.
“Le neuvième travail consista à rapporter la ceinture d’Hippolyté… » Apollodore, II, 5, 9.
Rome est pour nous actuellement le siège immuable de l’antiquité impériale et de la pourpre pontificale si ce n’est aussi les bacchanales nocturnes et aquatiques d’Anita Eckberg sous la lunette immortelle de Federico Fellini. Outre les sursauts du feuilleton Berlusconien ou bien la magnificence des fontaines et des palazzi, Rome porte en elle l’héritage de sa couronne de capitale du Baroque.
“El Españolito se lo pasaba divinamente con todo esto y bien que se aprovechó de la situación.”
Le petit Espagnol s’amusait divinement de tout cela et il profita bien de la situation. C’est dans des termes quelque peu cavaliers que le spirituel Lorenzo Da Ponte s’exprime des premières rencontres artistiques qu’il a eu avec Vicente Martín i Soler.
Le Projet NEO (New European Opera) : rencontre avec Jérémie Lesage
Rencontre avec Jeremie Lesage, directeur du New European Opera. La saison s’apaisait lentement. Nantes s’endormait doucement au rythme des lumières vagabondes du lent crépuscule estival, les rayons de la vêprée coloraient d’ombres opaques les façades blanches du quartier Graslin. Nous avons retrouvé Jeremie Lesage sous les silhouettes marbrées des colonnes du magnifique Théâtre, centre de tout le quartier. Puis nos pas, par un heureux hasard, nous guidèrent vers une table en terrasse d’un café rue Grétry, l’à propos ne pouvait pas être en reste.
“Des excès de plaisirs”
Pour le passionné de musique baroque il est souvent des personnages qui demeureront dans le mystère de leur époque. Le temps, n’épargnant en rien les visages, les registres de naissance et la matière vivante, seule la création exprime un semblant d’éternité. Tel est le cas de compositeurs tel Nicola Matteis.
« L’art d’utiliser le feu »
Voici une période faste pour les vivaldiens, puisqu’après le magnifique récital de Magdalena Kozena (Archiv), vient celui de Vivica Genaux, à l’interprétation plus extravertie et (encore plus) spectaculaire. Depuis Prométhée, le feu a obsédé l’imaginaire humain, un élément incontrôlable, fougueux, irascible mais réconfortant et beau.
Orfeo ou la régénération (Monteverdi, Orfeo, Les Arts Florissants, Christie – DVD Dynamic)
Inscrit à l’origine de la musique occidentale, le symbolisme de la gamme est la base de toute représentation musicale. L’Orfeo de Monteverdi, alpha de la musique représentative moderne, jongle avec les symboles qui ont été expliqués par Chailley et Viret dans leur thèse. La gamme musicale telle que nous la connaissons est inspirée par un hymne latin carolingien de Paul Warnefriend pour Saint Jean-Baptiste, Ut Quaent Laxis.
“J’advertis l’intelligence que cette musique est dans le style moderne, très en vogue à la cour.”
En ce mois de novembre bien humide, qui ne songe pas à l’évocation de Málaga aux rayons bénéfiques du soleil andalou, ou bien aux subtiles douceurs du vin de ce nom. Bien avant la saison des maillots de bain, et bien loin de la mode des bains de mer, le baroque fait briller ses ors dans le ventre même de la Cathédrale maritime du port andalou.
“Il semble que Terradellas a toujours écrit pour des interprètes habiles »
Il semble que Terradellas a toujours écrit pour des interprètes habiles ; ses airs ne sont jamais faciles et triviaux pour plaire au chanteur. Charles Burney, le mélomane nomade qualifiait ainsi le style raffiné et mesuré du maitre catalan. L’année 2009 aura été bénéfique pour la mémoire de Domènec Terradellas…
Chronique d’une mort annoncée
Quand le très sérieux Institut Antonio Vivaldi donna son satisfecit à la partition découverte par le claveciniste tchèque Ondrej Macek, les mélomanes vivaldovores furent hautement ravis par les promesses d’une œuvre totalement méconnue, d’une période tardive du prêtre roux. L’enregistrement à Prague de cette partition retrouvée dans la demeure familiale de Regensbourg des Princes Thurn und Taxis, fit trépigner d’impatience.