Cycle Johann Sebastian Bach – Les tempéraments (Cité de la Musique, mars 2014)
S’il est une œuvre pour clavier dans l’histoire de la musique dont tout le monde peut citer de mémoire quelques courts extraits (sans savoir forcément à quoi ils se rattachent), c’est bien celle de Johann Sebastian Bach. N’est-ce pas parce que, pour beaucoup d’entre nous, cette oeuvre se rapporte à ces heures de nos enfances où nous étudiions tel menuet, telle invention ou tel prélude et fugue après le goûter et les devoirs du soir ?
Vernis Martin (Bach, Suites anglaises – Béatrice Martin – Cité de la Musique, 13/03/2014)
Nous voici devant le magnifique Ruckers ravalé par Taskin, avec ses piétements à la droiture cannelée si Louis XVI, contrastant avec les aimables rinceaux sur fonds dorés qui ornent la caisse et au milieu de la luxuriance desquels se nichent quelques aimables angelots.
Un clavecin qui en pinçait pour le luth (Bach, Baumont, Cité de la Musique, 13/03/2014)
On ne s’attardera pas tant que ça sur le fameux Lautenwerk, à propos duquel les lecteurs trouveront un peu plus de matière dans la critique du disque paru pratiquement au même moment, et ces quelques lignes auront plutôt le mérite de rendre compte de ce concert double, puisqu’Olivier Baumont a choisi à la fois d’interpréter des pièces pour clavecin-luth ou luth sur une reconstruction de William Martin (1991) utilisée également pour le CD tout juste paru chez Loreley, …
A charmer les lions (Bach, Suites françaises – B. Rannou – Cité de la Musique, 16/03/2014)
Blandine Rannou. Nous ne cachons pas ici notre admiration pour la claveciniste, pour son éloge de la lenteur, son spleen équilibré et doux-amer, cette manière si unique qu’elle a de laisser sonner puis mourir les notes, en leur conférant profondeur et conviction.
En Filigrane
Pour certains le clavecin est un instrument étrange, pour d’autres il est assimilé à l’agacement du son grêlé qu’il génère. Mais les cordes pincées qui nous invitent à réinventer nos approches de Bach et nos préjugés sur l’art intimiste du clavier sont le clair reflet non seulement d’une esthétique mais aussi d’une idiosyncrasie.
La cérémonie
Dans les pérégrinations d’un journaliste, il est des concerts particuliers. Le programme annonçait de belles heures, la renommée clamait de sa trompette altière la grandeur d’un interprète. Et l’illusion ajoutait un brin d’excitation, une puissance dans la fantaisie, une touche d’émotion dans le fantasme.
Il Ritorno di Rinaldo
Quel bonheur de retrouver le soleil ! Après les frimas de l’hiver cérémonieux et sévère, voici arrivé l’astre de feu venu de la Méditerranée. Eh oui, n’en déplaise aux couleurs du bronze de la statue du Cantor, les Italiens rendent un vibrant témoignage de l’art de Bach.
Summertime
Nous autres baroqueux connaissons bien les enregistrements quasiment intégraux de Bach par Christophe Rousset. C’est tout naturellement que l’annonce de deux partitas sous ses doigts allait nous ravir. Tout d’abord, Christophe Rousset entama dès le départ un dialogue avec son public, s’adressant directement à nous…
Au clair de la Lune
Superbe métal lunaire, bleuté et fier, vigoureux et ferme, aux reflets changeants mais impérieux. Voici un grand enregistrement de Christophe Rousset, parfois un peu trop altier voire raide, décidé, très articulé. Le choix du Ruckers 1628 du Château de Versailles, ravalé au XVIIIème siècle par Blanchet, est plus que judicieux,…
De Chambonnières à Rameau
Skip Sempé n’arrivait pas en terrain conquis : il remplaçait Bertrand Cuiller. Grâces lui soient rendues d’avoir accepté et d’avoir proposé un programme riche et varié où se croisent encore les Couperin et Rameau, mais aussi Chambonnières, Forqueray, d’Anglebert et même Luigi Rossi.
« Quand on joue, on ne pense pas : on a pensé. »
Pierre Hantaï a composé un programme couvrant, chronologiquement, la majeure partie de l’école française de clavecin : de Louis Couperin (vers 1626–1661) à Jacques Duphly (1715–1789) en passant, bien sûr, par François Couperin et Jean-Philippe Rameau.
« L’homme désire l’éternité mais il ne peut avoir que son ersatz : l’instant de l’extase. » (Milan Kundera)
Après un parcours dans l’œuvre de l’espagnol Joseph Ruiz de Samaniego, Los Músicos de Su Alteza ont traversé la Méditerranée pour nous transporter dans la Rome des années 1640, la Rome des papes mécènes Urbain VIII et Innocent X, la Rome baroque de la Contre-Réforme. Deux compositeurs y sont à l’honneur : le napolitain Luigi Rossi, auteur soupçonné de la cantate à cinq Un peccator pentito (Un pécheur repenti), restée anonyme, et Giacomo Carissimi, avec son oratorio peut-être le plus célèbre, Jephte — l’une des partitions qui nous sont parvenues a été copié par rien moins que Marc-Antoine Charpentier !
« Ainsi relégué au rang des petits maîtres, il écrit cependant de façon splendide (…) » (Christophe Rousset)
Avouons-le, on joue trop peu Duphly. Trop peu en dépit de quelques pièces ressuscitées par Gustav Leonhardt dès 73 les intégrales élégantes de Jean-Patrice Brosse (EMI et Pierre Verany), l’incursion moirée de Catherine Latzarus (Ligia) ou encore le récital inégal d’Elisabeth Joyé (Alpha) sans même citer Mitzi Meyerson ou Mario Raskin que nous n’avons pas écoutés.
Les angles et les courbes
L’art de la prise de son est un art difficile et un peu ingrat : quand elle est réussie, on n’y prête guère attention — à moins qu’elle ne soit franchement exceptionnelle — mais quand elle est ratée, toutes les fautes lui reviennent. C’est que, l’on peut gâcher un disque avec une prise de son peu convaincante…
Entretien avec Violaine Cochard, claveciniste
Entretien avec Violaine Cochard, claveciniste, chef de chant et membre fondateur de l’ensemble Amarillis. Le Café de la Musique, ses banquettes élimées, son atmosphère un peu jazzy. Violaine Cochard arrive, souriante et naturelle, l’oreille collée à son téléphone pour vérifier encore quelques détails sur la facture du clavecin avec Laurent Soumagnac – pour ne pas dire de bêtises – avoue t-elle malicieusement. Nous espérons ne pas en avoir trop dites, lors de cette conversation amicale et détendue que nous avons le plaisir de vous faire partager…
Shaked but not stirred !
Les Concertos pour clavecin de Bach datent de l’époque de Leipzig, alors que Bach dirigeait le Collegium Musicum de 1729 à 1739 dans la salle ou les jardins du Café Zimmermann. Cependant, l’écriture de certains d’entre eux remonte probablement à de plus vertes années dans les cours de Köthen et Weimar…
Le mineur lui va si bien…
L’instrument est magnifique, l’interprétation ne l’est pas moins. Nous ne reviendrons pas en détail sur ce superbe Dulcken des années fourties (1740’s) dont l’histoire est contée en détail dans l’entretien que nous a accordé Violaine Cochard. Mais il faut tout de même en dire quelques mots, ne serait-ce parce que cet enregistrement trouve son point de départ dans l’envie de la musicienne d’immortaliser le timbre riche et brillant de l’instrument…
Intus et in cute (Perse, Satire III, v. 30)
Sous la reproduction d’un petit tableau assez fade de Ludolf de Jongh, et le titre un peu mystérieux de Mr Tomkins his Lessons of Worthe (Leçons de Valeur de monsieur Tomkins), se cache en réalité un petit trésor anthologique du répertoire anglais pour clavecin de la première moitié du XVIIe siècle.
De l’opéra au clavecin, étonnantes transpositions baroques
Nous avions eu l’occasion de rendre compte, il y a quelques mois, du jeu virtuose de Catherine Zimmer au sein de l’ensemble Salamandre dans une petite église du sud de la Corse. La plupart des pièces jouées étaient reprises d’un enregistrement récemment paru sous le label Encelade…
Charmant trente-deux pièces, lumineux, à revisiter au plus vite
Les souvenirs d’amour, nous dit Proust, ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l’habitude. Ceux qui nous reviennent le plus souvent finissent par perdre un peu de leur force. Gageons qu’il en va de même des souvenirs des chefs d’œuvre chez les passionnés de musique.