« A wonderful effect and a powerful stimulant to the imagination. That is one of the classic, wonderful things about Kabuki. I appreciate the use of new techniques while firmly maintaining the traditions of the past. »
Robert Carsen, à propos du kabuki
Le Théâtre national du Kabuki de Tokyo (Kabuki-za) – archétype de permanence et de transmission de la tradition, tant au niveau de la pratique interprétative musicale que de la gestuelle ou de la mise en scène, malgré un phénomène de recréation post Seconde Guerre Mondiale – vient à compter de mars de mettre à disposition du public tant japonais qu’étranger un dispositif innovant qui pourrait donner de bonnes idées à nos salles d’opéras. Il s’agit d’une sorte d’écran rectangulaire, appelé « G-mark Guide », ne nécessitant aucun réglage sinon le choix de la langue (anglais ou japonais), et qui automatiquement fait défiler le livret, y compris les didascalies pendant toute la durée de la représentation. Là où cet équipement est remarquable, outre sa simplicité d’utilisation, sa synchronisation parfaite, sa faible luminosité, l’excellente qualité des traductions proposées issues de travaux universitaires, c’est que des commentaires explicatifs judicieux sont également intégrés, relatifs à l’oeuvre, ou encore la mise en scène. Ainsi tel personnage au masque rouge traduit sa nature cruelle, telle pose (mie) traduit la défiance, tel chignon l’immaturité, tel passage récitatif est le point culminant de la pièce…
Le boitier est partiellement financé par un sponsoring peu envahissant : une mini vidéo publicitaire pour un unique joaillier (silencieuse d’ailleurs le boitier n’a pas de hauts parleurs), se déroule avant le début de la représentation, et l on peut volontairement lire un paragraphe dessus. Il est également disponible au Théâtre National, et à celui de Bunraku (marionnettes traditionnelles).
Par rapport aux surtitres que nous connaissons, l’avantage est a la fois un texte plus complet, un peu à la manière d’un livret interactif, et d’une visibilité assurée. On évite l’écueil du feuilletage de programme dans le noir, ou des surtitres masqués du fait du placement qui ont certes l’avantage de fournir un prétexte pour se pencher sur l’épaule de sa ravissante voisine mais peuvent conduire à une expulsion brutale… En outre deux langues sont offertes (alors qu’on n’a jamais vu de surtitres en anglais dans nos salles de mémoire de mélomanes).
Enfin, le coût se révèle plus que modique (500 yen soit 4 euros), un dépôt de garantie symbolique de 1000 yen (8 euros) est demandé, et il suffit de se délester de son équipement en partant, sur le chemin des vestiaires…
A quand la même chose à Garnier ?
M.B.
Dernière modification: 27 avril 2015