Mozart a-t-il des ailes ? (Mozart Requiem, Notre-Dame-de-Paris, 23/09/2014)
C’est une bien paisible lutte qui s’engage, pour le ciel, à Notre-Dame-de-Paris. Humilié par la hauteur des voutes, écrasé par le poids du sens qu’on a patiemment construit à leurs pieds, l’Homme se débat en sifflotant. Il a pris aujourd’hui les traits de Mozart. Derrière ce masque il n’a pas fini son ouvrage, comme sa légende aime à le répéter.
« L’Itinéraire »
Comme le veut la tradition c’est Ton Koopman qui ouvre à l’orgue l’itinéraire en tant que tel, ce parcours musical autour duquel le festival a grandi au fil des années. Variant les jeux avec bonheur dans le Ballo en sol de Sweelinck il va nous conduire sans heurts jusqu’à la lumineuse Bergamasca en Sol majeur de Frescobaldi
« Baroques en Cercles »
Nul besoin d’être biologiste, anthropologue ou Casanova pour s’en être un jour rendu compte : chaleur et lumière favorisent le commerce des âmes et le rapprochement des corps. Ainsi quand sous le soleil de Cercles il est question de « chants amoureux » on se dit que c’est la saison, après tout, et même à quatre siècles de distance.
« Une chambre à soie »
Malgré l’acharnement d’éminents historiens sur la question, accompagnés dans leur tâche par nos plus grands ingénieurs en génie civil, nous ne sommes toujours pas en mesure de déterminer avec certitude si la chambre musicale d’Albert le Magnifique était bien isolée ou non.
Charmant trente-deux pièces, lumineux, à revisiter au plus vite
Les souvenirs d’amour, nous dit Proust, ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l’habitude. Ceux qui nous reviennent le plus souvent finissent par perdre un peu de leur force. Gageons qu’il en va de même des souvenirs des chefs d’œuvre chez les passionnés de musique.
Première en milieu tempéré
Histoire personnelle ou oreilles sensibles, manque d’ambition ou gros doigts boudinés : les excuses ne manquent pas pour expliquer chez la plupart des gens cette incapacité à parcourir gracieusement les touches d’un clavecin de caractère. Pour bon nombre d’entre nous, les doigts ne savent se promener qu’au fil des bacs de disquaires, sautant avec souplesse de tranche en tranche.
Pierre Certon, évidemment.
Pierre Certon, évidemment. Le Pierre Certon qui envahit nos discothèques et inonde insolemment les programmes de concerts. Celui dont les oeuvres vocales ont fait s’époumonner toutes les générations de chanteurs depuis le seizième siècle.
« Personne, me semble-t-il, / N’accorde de valeur à aucun don de Nature, / Pour valable qu’il soit, / S’il ne se trouve coloré / Par l’obscure et ténébreuse clarté de Fortune »
La première messe écrite par un seul homme ! Pensez-donc si c’est une date. Dans l’histoire des productions humaines, les moments où l’artisanat succède victorieusement à l’industrie ne sont pas si courants… Alors redisons-le : bien avant la Messe en si, de qui vous savez, et le Requiem, de qui vous voulez, il y eut cette Messe de Notre-Dame, de Guillaume de Machaut.