« Que me dit ton silence après cette prière ? / Ta vertu tremble t-elle à se montrer entière » (T. Corneille, Darius, IV,1)
Abbado ne quitte plus le destin tragique de Pergolèse, et ce troisième opus s’avère sans nul doute le plus énergique et le plus convaincant d’une quête commencée avec le fameux Stabat Mater et poursuivie par l’intéressante Missa S. Emidio que nous avons eu le loisir de chroniquer précédemment. Et pourtant, cet opus n’a pas le bénéfice des feux d’un Giuliano Carmignola, d’une Sara Mingardo ou d’une Veronica Cangemi, ni le prestige que confère une œuvre de référence que chacun se doit de connaître et d’apprécier pour briller lors d’un dîner en ville. Alors, pourquoi la Muse étreint-elle tant cet enregistrement ?
Terriblement classique…
Par-delà une jaquette bleue où l’esprit s’imagine la baie de Naples, le premier volet de la trilogie que Claudio Abbado consacre à Pergolesi (dont on célèbrera en 2010 le 300ème anniversaire de la naissance) constitue un mystère. Mystère que cette lecture infiniment classicisante, d’une perfection lisse, d’une tenue élégante et insaisissable et où les solistes sont exemplaires, ce qui est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un enregistrement de concert. Et pourtant, mystère aussi que le peu d’attrait qu’exerce le Stabat Mater trop équilibré de ce disque .