Stupeur ou tremblements ?
Il arrive parfois que des luttes fratricides déchirent la rédaction sur les mérites de tel ou tel enregistrement ou concert. C’est le cas ici. Et dans un souci de transparence totale, nous vous avouons que ces 5 Muses sont le fruit d’un difficile compromis entre les parties en présence.
“Une corbeille de primeurs” (F. M. Sardelli)
Sous l’ombrelle de nouvelles découvertes, Federico Maria Sardelli nous convie à une plongée dans quelques-unes des pépites vivaldiennes ressuscitées depuis le lancement de la Vivaldi Edition en 2000. On y trouvera donc de nouvelles pièces désormais attribuées au Prêtre Roux provenant à la fois de la collection Foà-Giordano de Turin, et d’autres fonds européens.
“Le bel âge d’or”
Des 5000 pages de L’Astrée, le lecteur moderne ne connaît souvent rien, et ignore même que ce nom d’Astrée est celui de la bergère. Il pouvait donc paraître téméraire de proposer un programme autour de ce roman. L’auditeur sera sans doute surpris de voir que plusieurs pièces ne tiennent que de manière un peu lâche au roman d’Urfé, et qu’il s’agit plus en réalité d’un disque d’airs de cour autour de L’Astrée que sur L’Astrée proprement dit.
Aimantes religieuses
En 1349, alors que la Peste Noire s’abat sur l’Europe répandant ses linceuls et sa pourriture, il est décidé à Tournai qu’une messe cum nota (chantée) sera interprétée quotidiennement. Ainsi, un clerc et cinq chantres se rassemblaient, au matin, dans la partie sud du transept…
Danse avec les fous
Peu de témoignages de musique instrumentale médiévale d’avant l’apparition de la polyphonie nous sont parvenus. En outre, le système de notation de l’époque, qui ne mentionne souvent que les hauteurs de sons mais non leur durée, laisse une très grande marge d’interprétation.
Le non divin Mozart
Les disques de pianoforte font rarement beaucoup de bruit, peut-être à l’instar de l’instrument qu’on y entend. Peut-être aussi parce que beaucoup d’interprètes n’ont pas choisi le pianoforte, mais ont seulement choisi l’instrument d’époque en une démarche louable, mais qui ne s’avère pas toujours musicalement intéressante.
Plaisante conversation
Après la superbe intégrale de Monsieur de Sainte-Colombe précédemment chroniquées sur ces pages, les Voix humaines se sont alliées à d’autres artistes pour nous permettre en cette fin d’année 2008 de découvrir et d’apprécier un instrument trop méconnu dans un répertoire particulièrement valorisant.
Une heureuse résurrection de la Reine de Naples
En janvier 1729, Haendel entreprit un voyage de cinq mois en Italie, séjournant à Florence, Venise, Milan et Rome. Il avait pour but d’engager de nouveaux chanteurs pour sa troupe d’opéra londonienne, à la suite du départ du fameux castrat Senesino. Sur place, il découvrit les nouvelles tendances de l’opéra italien évoluant vers une simplification de l’écriture orchestrale…
Quintessence de la guitare baroque
Avec l’Italien Francesco Corbetta nous avons véritablement affaire avec un Maître de musique tel qu’en produisit le XVIIème siècle. Musicien virtuose, il parcourut l’Europe se produisant dans toutes les cours importantes. Compositeur prolixe, il légua à la postérité cinq livres de musique (1639, 1643, 1648, 1671, 1674) traçant la voie d’un répertoire destiné à la guitare baroque…
Janine ou l’archet qui brille
Il y a quelque chose de lumineux et de gai dans l’archet (moderne) et le violon de Janine Jensen. Une clarté et une précision paradoxalement mêlées de laisser-aller, comme si l’artiste s’apercevait avec surprise que sa lecture était conforme à ses pensées. Le timbre est transparent sans être totalement lisse, les articulations bien choisies.
Dynamique et débordant d’énergie
Originaire de Bohème, Jan Dismas Zelenka arriva à la cour de Dresde au début du XVIIIe siècle pour servir le roi de Pologne Auguste II. Il fut accueilli comme joueur de violone puis devint directeur de la célèbre Hofkapelle en 1729. Essentiellement sacrées, ses œuvres furent plus ou moins florissantes, selon que le compositeur polonais fut souffrant ou non. Il connut en effet de longues périodes de maladie qui influèrent sur son travail.
Un peu, beaucoup, à la folie !
Voici la première captation au DVD d’Orlando, l’un des opéras les plus originaux d’Haendel dans sa trilogie de l’Arioste qui comprend aussi Alcina et Ariodante. En effet, cette plongée dans la folie malmène totalement les conventions structurelles de l’opera seria par “de nombreux da capo peu catholiques…
In vino veritas
A côté des tragédies lyriques, des opéras-ballets, des sonates italiennes qui firent postérité, le règne de Louis XIV vit fleurir tout un répertoire d’airs populaires contant, si l’on peut dire, les boires et déboires des gens de la société de l’époque.
Magnifico !
Créé une première fois à Vienne dans les années 1980 par le chef d’orchestre Joan Grimalt, Exaudi Nos connaît depuis 2000 une seconde vie en Catalogne, en coopération avec Musiques de l’Esperit.
Le luth dans la fosse (Lully, Thésée, Crook, Pudwell, Boston Early Music Festival, O’Dette & Stubbs – CPO)
On pourrait dire enfin : enfin voici ce Thésée qui manquait à la discographie lullienne ; car s’il y avait le travail effectué par Christie avec l’Académie d’Ambronay, aucune publication n’avait suivi. Maintenant que les illustres personnages de cette tragédie en musique – illustres Égée, Thésée et Médée elle-même, que dire encore ? – ont été portés au disque…
Lui clouer Lübeck
Ton Koopman aime les fioritures, la pompe et les ors. On lui a d’ailleurs souvent reproché son toucher immensément léger, les appogiatures dont il se délecte, la joyeuse rutilance de ses cantates de Bach qui manquent souvent de spiritualité. Koopman, c’est un peu l’anti-Suzuki, pourtant son élève.
Un virginal « moeder & kind » d’une aimable douceur
Ce petit manuscrit de 1599 a donné bien du fil à retordre aux musicologues et aux chercheurs. Si même Alan Curtis n’est pas parvenu à éclaircir l’épais mystère Susanne van Soldt, il semblerait que cette hollandaise ait vécu à Londres, qu’elle se piquait de jouer les pièces à la mode de son temps…
Un vent de fraîcheur
Alors que Danielle de Niese retrouve en ce moment même (jusqu’au 7 février 2008) son rôle fétiche de Cléopâtre à la Monnaie de Bruxelles, Decca nous gratifie d’un joli récital consacré uniquement à des airs italiens et anglais de Haendel. On y retrouve d’emblée ce qui a charmé des milliers d’auditeurs depuis ce Giulio Cesare de Glyndebourne (DVD Opus Arte)…