Rédigé par 13 h 20 min CDs & DVDs, Critiques

“C’est moi qu’il emmène et fait marcher dans les ténèbres” (Lamentation III)

Les Leçons de Ténèbres du compositeur Belge Fiocco cultivent avec bonheur l’héritage austère des maîtres français (Lambert, Couperin, Delalande) et la manière italienne moderne qui sera celle de Pergolèse. Elles se distinguent en outre par l’inhabituelle présence de deux violoncelles obligés dans les deux premières Lamentations du Jeudi Saint, pratiquement écrites à trois voix.

Joseph Hector FIOCCO (1703-1741)

Lamentations pour le Jeudi Saint
 

Catherine Greuillet (soprano), Mauricio Buraglia (théorbe et luth), Dominique Dujardin & Frank van Lamsweerde (violoncelle) Christine Payeux (viole de gambe et violone), Jean-Christophe Leclère (orgue)

Syrius, enr. 1996.

Extrait de Lamentatio prima

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Les Leçons de Ténèbres du compositeur Belge Fiocco cultivent avec bonheur l’héritage austère des maîtres français (Lambert, Couperin, Delalande) et la manière italienne moderne qui sera celle de Pergolèse. Elles se distinguent en outre par l’inhabituelle présence de deux violoncelles obligés dans les deux premières Lamentations du Jeudi Saint, pratiquement écrites à trois voix.

Dès les premières mesures, on est envoûté par le grain du violoncelle, auquel les instrumentistes ont eu l’heureuse idée d’adjoindre une viole de gambe plus mélancolique. Et Catherine Greuillet entame son “De Lamentatione Jeremiae Prophetae” par une longue note tenue, sans vibrato aucun, d’une pureté cristalline. On se surprend à lever les yeux au ciel. Si les chérubins joufflus chantaient, le feraient-ils avec autant de grâce ? Certes, l’émission manque de matière, le timbre de profondeur. Car Catherine Greuillet est une véritable soprano d’église, ou une charmante nymphe de tragédie lyrique (quoique la voix sache se faire tragique et grandiose dans sa fragilité). Mais peut-on vraiment lui en tenir rigueur quand elle chante aussi bien, dépose ses aigus de manière aérienne, sculpte les notes comme une orfèvre des nuages ? A ses côtes, le continuo est tout bonnement excellent, avec des articulations vives sans être brutales, et une chaleureuse complicité.

Si l’on cherche un défaut à cet enregistrement, ce sera sa jaquette orange hideuse. Et c’est bien le seul reproche qu’on peut formuler devant un programme si sublime.

Viet-Linh Nguyen

Technique : magnifique prise de son d’une extrême pureté avec un zeste de réverbération onctueuse

Étiquettes : , , , Dernière modification: 25 novembre 2020
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