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Bon jour et bon an, chers baroqueux et mélomanes

Lateant quæ sine sole

Sabine Strosser, scène d’ensemble du Misanthrope de Molière, mise en scène de Jean-Pierre Vincent, Théârtre national de Strasbourg, 1977. Photographie, tirage d’exposition BnF, 2022, cliché Muse Baroque, 2022 lors de l’exposition Molière de la BnF.

 

À Paris, ce 3ème jour de janvier 2023.

Bon jour et bon an, chers baroqueux, et bon jour et bon an, chers mélomanes. Que cette année vous soit plus heureuse que celles qui sont passées ; que la paix, le repos et la santé vous tiennent lieu de toutes les fortunes que vous n’avez pas et que vous méritez ; enfin que vos jours désormais soient filés de soie ; mais surtout plus d’enchantements. Qu’ils soient emplis de musique, et que celle-ci accompagne chacun de vos moments, du matin jusques au soir, qu’ils soyent joyeux ou sombres, doux ou déplorables. Que l’air que vous respirez soit fait de ceux de M. de Lully, qu’on les sifflote du Pont Neuf aux guichets du Louvre, du haut des carrosses aux titubants porteurs d’eau. Que nos pas volent et dansent de bals en carrousels, que les grises mines de nos ministres de noir drapés se perdent dans les entrailles de leurs bureaux et laissent les honnêtes gens aux plaisirs, aux ris et aux jeux. Quand la terre s’ouvre et qu’en jaillit le tumulte des eaux, d’une plaine qui fut marais, quand les châteaux de cartes se muent en palais d’Alcine, comment ne pas croire au génie de l’Homme, au pouvoir de la volonté, et à la puissance des Arts ?

Que cette année vous soit des plus heureuses, des plus extraordinaires, des plus vives, des plus souriantes, des plus folles, des plus insouciantes, des plus abondantes, des plus baroques. Qu’elle murmure le jour d’un souffle de traverso et qu’elle frôle les nuits de son archet caressant. Adieu, chers baroqueux ; adieu, chers lecteurs et soutiens : conservez-nous vos amitiés, et nous vous répondons des nôtres. Je ne sais si ce pluriel est bon ; mais quoi qu’il en soit, je ne le changerai pas.

Viet-Linh Nguyen

[NdlR : les lecteurs attentifs auront reconnu les premières lignes inspirées de la fameuse lettre de Mme de Sévigné au Comte de Bussy Rabutin, datée du 15e janvier 1687 et les dernières de celle moins lue du 10 mars de la même année ; le reste – hélas – n’est qu’un pastiche malhabile.]

Dernière modification: 23 février 2023
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